Extrait du journal
Saint-Quentin, 20 septembre. Ce n’est pas dans les rangs conser vateurs seulement, c’est aussi, c’est surtout peut-être parmi les républicains que le passage des Instructions de Mon sieur le Comte de Paris relatif au mode de votation du budget a produit une très profonde impression. Quelques journaux de gauche, oubliant la consigne, qui est d’entretenir le moins possible leurs lec teurs du fond des Instructions, Vont avoué. Dans les conversations, nos adversaires ne cachent pas que le Prince a mis le doigt sur l’une des plaies du système actuel. N’est-ce pas une fiction ridicule en soi ue cette mise aux voix, chaque année, ans les mois de novembre et de décembre, de la question de savoir si l’on paiera les intérêts de la dette, que l’on ne peut pas ne pas payer ; si l’on dotera les services publics, qu’il est impossible de ne pas doter sous peine d’arrêter la vie nationale ; si l’on autorisera à cet effet la perception des impôts ? Mais depuis que les républicains sont venus vicier le régime parlementaire, comme ils vicient toutes institutions aux quelles ils touchent, l’abus a pris des pro portions jusqu’alors inconnues. Chaque année, ce sont d’interminables débats dont le moindre tort est d’empêcher la promulgation de la loi de finances en temps utile. Les deux derniers exercices se sont ouverts par des douzièmes provi soires ; on s’achemine vers le même ré sultat pour 1888. Cet expédient, que ré prouvaient les financiers sérieux d’autre fois, qu’ils considéraient comme la cause et le signe d’un désordre grave dans les rouages administratifs, qu’ils qualifiaient même déshonorant pour le bon renom d’un gouvernement,est en train de devenir une tradition républicaine. lout le mal se bornait là î Mais on voit toutes nos institutions remises annuelle ment en question et tous les intérêts com promis par ces discussions budgétaires.Le jour où l’on a admis que des lois propre ment dites pouvaient être abrogées par le simple refus des crédits nécessaires à leur fonctionnement, on a admis un principe destructeur de toute légalité, comme de toute sécurité et même de toute probité politique. On a inauguré un véritable état révolutionnaire, une véritable anarchie lé gislative. Les effets s’en font cruellement sentir, et ce n’est pas pour nos finances elles-mêmes qu’ils sont les moins désas treux. Ajoutez maintenant les controverses, aussi nuisibles que stériles, qui régulière ment s’élèvent au sujet des droits respec tifs de la Chambre et du Sénat. De quelque façon que l’on‘envisage les débats budgé taires, tels qu’ils se pratiquent surtout de puis l'époque où Gambetta leur imprima la direction actuelle, ils constituent une perte de temps sans profit, une déperdi tion de forces vives, une cause de trouble dans les administrations et le pays, trop souvent un scandale. Avec le coup de l’œil de l’homme d’Etat, Monsieur le Comte de Paris a compris le mal ; il a cherché le remède avec un sens tout à fait remarquable des données du...
À propos
Fondé en 1819, Le Journal de la ville de Saint Quentin publie les annonces judiciaires de son département sans le concours du gouvernement. L’initiative porte ses fruits puisque la publication du journal demeure assurée jusqu’en 1914.
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