Extrait du journal

SUITE. * '■ Les vertus de boudoirs ,ou de salons ne lui paraissaient nullement com patibles avec celles qu'on devait, suivant lui, déployer dans le ménage. Après plusieurs recherches, qui n’aboutirent qu’à le confirmer dans son opinion , M. de Valence se décida à recourir aux lumières de ses amis. L’un d'eux, le comte de Neuville, habitait, depuis nombre d’années la Guïenne. Le marquis lui écrivit une lettre fort détaillée, dans laquelle il lui énuméra longuement toutes les qualités qu’il se croyait en droit d’exi ger dans le futur époux de sa fille. La réponse ne se fit pas attendre ; Il y a des gens qui ont toujours en réserve quelques maris de circonstance pour les cas imprévus. Ce mari, disait la lettre, remplissait toutes les conditions du programme. A la lecture de cette lettre, M. de Valence se frotta les mains , II ré pondit sur-le-champ à son ami, et l’invita à lui envoyer le prétendu. Après quoi II fit mander sa fille, pour lui faire part de sa résolution. Angèle était loin de s’attendre à un pareil procédé de la part de ion père. Outre que la pensée du mariage ne lui était encore jamais venue à l’es prit, elle avait peine à comprendre comment on avait pu ainsi disposer d’elle à son insu. Elle hasarda quelques objections ; mais , pour la pre mière fols, elle rencontra une résistance sérieuse. Ce brusque changement dans la conduite du marquis à son égard donna beaucoup à penser à la jeune fille. Renonçant à l’Idée d’une lutte, impossible pour le moment, elle simula une soumission parfaite aux volontés du marquis. Mais aussitôt son coeur se retourna vers Olivier, le seul quelle jugeât digne de l’aider dans sa périlleuse entreprise. Angèle ne s’étalt pas trompée : l'impression produite sur le Jeune homme Par celte nouvelle avait été terrible ; il lui avait semblé qu’on lui arrachait le cœur. Malheureusement, chez lui comme chez bien d'autres, la plus grande timidité se trouvait alliée au plus grand courage. Sa première pensée lut d’aller se jeter aux pieds de son oncle et de lui découvrir son amour • mais , au moment d’exécuter ce projet, la force lui manqua. D’ailleurs ’ Olivier ignorait si sa tendresse pour sa cousine était payée de retour L’espéce de consentement tacite qu'Angèle donnait à ce mariage par son si lence , semblait lui démontrer le contraire. Olivier, comme on le voit ne savait pu encore que c’est au fond de ces soumissions apparentes que’ re...