Extrait du journal

\ Nous avons donné d’autre part le comptevendu de l’exécution de Valence. L’envoyé spécial du Matin euvoie à son jour nal un récit de la triple exécution qui est assez saisissant pour, être lu avec intérêt. Valence, 22 septembre. Sous une pluie battante contre laquelle n’ar rivent pas à nous protéger nos parapluies, nous attendons. La guillotine dressée, avec ses mon tants bien d’aplbmb, son cuivre, ses aciers bril lants, fait penser à quelque instrument de pré cision qui va servir à réaliser une expérience de physique convaincante. On l’a dressée au mi lieu de la chaussée, un peu à gauche de la gran de jiorte par laquelle sortiront les condamnes. Les privilégiés qui sont admis auprès d’elle l’examinent, la tâtent .s’extasient sur ce fait que pour la monter, il n’est pas nécessaire de donner un seul coup de marteau. Dans ce public particulier, on a résisté a la fièvre qui semble avoir gagné tout Valence. On sent que quelque chose de très grave va se passer ; on a le sentiment que c]est tout de me me à des ries humaines que la sinistre machine, dans un instant, va s’attaquer. Cet état d’esprit crée un résultat assez cu rieux. Nous nous sentons de simples hommes pn face du grand drame que nous allons voir; nous sommes pris par notre humanité même. Il semble que les classes sociales aient disparu, Je vois parler ensemble .familièrement, comme des gens du même monde ,un sous-préfet et des gendarmes ; des petits fonctionnaires de la police s’entretiennent avec leurs chefs sur un pied d’égalité. A cinq heures et demie, on introduit les représentants de la presse dans la cour de la prison. Le jour est déjà levé. Nous attendons toujours. A six heures, un gardien ouvre enfin, si j’ose dire, les deux battants de la porte donnant sur l’avenue de Chabeuil, puis la petite porte des locaux par laquelle vont, tout à l’heure, sortir les conoamnés. Nous voyons apparaître d’abord les fonction naires qui ont assisté au réveil ; puis au moment où j’imagine qu’une double haie va se former dans la cour sur le passage de Berruyer, qui doit être exécuté le premier, je suis bousculé, moi aussi, par certain gros homme rougeaud que je reconnais pour l’avoir aperçu la veille. Je regarde. M. Dcibler est déjà passé, puis an prêtre, et entre les deux aides du bourreau dont l’un me donna un coup do coude, je recon nais Berruyer. Je ne le vois pas de face. Son...