Extrait du journal

Les deux chambres, immédiatement après le retour du Roi de Fontainebleau à Paris , se sont présentées au château des Tuileries pour féliciter S. M. d’avoir été si miraculeusement préservée des balles de l’assassin Lecomte. — Voici le discours adressé au Roi par M. Pasquier , en pré sentant la chambre des Pairs : « Sire, j’attendais, u. o pour faire un discours au Roi, mais pour lui présenter la chambre des Pairs, que tous les membres fussent entrés, et j’ai dù attendre long-temps, car ils sont bien nombreux. Les sentimens dont leur présence ici vous offre l’expression sont ceux de toute la France. » Le Roi a répondu : « J’apprécie toute la convenance de la réserve que vous vous .imposez ; je n’en suis pas moins touché de la démarche de la chambre des Pairs. Elle sait combien l’expression de ses sentimens, qui m’est toujours si précieuse, le devient plus encore dans cette douloureuse circonstance. Je ne parle pas de moi. Je ne pense qu’au danger que ma famille a couru ; et il m’est bien doux de recueillir ce nouveau témoignage de l’affection que me porte la chambre des Pairs. » (Ces paroles sont suivies des cris répétés de vive le roi !) AI. Sauzet a adressé le discours suivant à S. M., en présentant la chambre des Dépotés : « Sire, la chambre entière vous apporte ses émotions et ses vœux. Toutes les opinions, tous les rangs se pressent à l'envi pour saluer votre miraculeuse conservation, comme ils se serreraient pour vous défendre, pour servir de rempart entre le crime et vous. Notre langage, Sire , est le fidèle écho du pays. En ce moment, ■un long cri d'indignation et de dévouement retentit d’un bout du royaume à l’autre. La France, cette antique terre de loyauté, si hospitalière à toutes infortunes, si généreuse même envers ses ennemis, se soulève à la pensée de ces lâches attentat-s dont elle croyait son repos affranchi pour toujours (vive le roi l) ; mais sa confiance ne s’est pas découragée ; elle sait qu’un misérable peut souiller son sol, mais non compromettre ses institutions et désho norer sa renommée. Elle sait qu'il s’est trouvé des assassins chez Jes plus nobles peuples, comme il s’en est armé contre les meil leurs rois. (Des cris de vive le roi ! se font entendre avec vivacité.) « Mais celui qui garde les rois et protège les peuples ne laisse point ainsi traverser ses dessins ; c’est a lui qu’il appartient de maintenir les grandes missions qu'il a données, et de sacrer les élus des nations avec l’inviolabilité de sa puissance. Il a étendu ■visiblement sa main sur votre personne auguste. (Nouveaux cris de vive le Roi !) » Sire , bénissons la Providence , félicitons le pays , félicitons cette Reine que nous voyons toujours à vos côtés, comme une com pagne dévouée qui partage vos périls, et comme un ange de vertu qui les écarte. (Ces paroles sont suivies des cris de vive la reine /) Ces princes, à qui nous remettons avec confiance l’avenir de la patrie et de nos libertés; félicitons le royal enfant, car la protec tion levée sur vous lui promet qu’il vous sera donné d'achever votre tâche, de former sa jeunesse et de préparer , par l’ensei gnement de vos épreuves, de votre courage et de l’affection des peuples, l’accomplissement de ses précieuses destinées. » (Ce dis cours est suivi d'acclamations prolongées*)...