Extrait du journal

finissaient par aboutir à un petit lac dans le cristal duquel se mirait une gothique chapelle du onzième siècle, presque toute emmantelée «le lierre. A voir ce charmant domaine enfoui dans la verdure, abrité par de riants coteaux, égayé par des eaux ruisselantes, tout le monde se serait dit : C’est là le séjour du bonheur et de la joie. H n’en était pas ainsi. Le souvenir d’une tragique histoire planait sur ce paradis perdu. Cette histoire, diversement racon tée, remontait à dix-sept ans environ. Un soir, le sire de Bois-Rosé, déjà sur le retour de l’âge, et qui guerroyait depuis quelques mois dans le midi de la France, avait re paru soudainement au manoir. Un jeune gentilhomme s’y trouvait alors, qui, blessé l’année précédente aux environs de Crique bœuf, avait élé recueilli par le vieux chàV-lain, soigné par la jeune châlelaine. Que se passa-t-il au juste ? Nul n’aurait su vous le «lire. Une querelle nocturne, un duel sans témoins ; la mort du mari, la fuite de son adversaire, dont personne ne se rappe lait le nom : une maladie de la jeune veuve; puis, la naissance d’une fille, et l'amour maternel ressuscitant, en quelque sorte, la dame d«; Criquebœuf. Pour aimer, pour élever son enfant, ses enfants, — car elle en avait un autre déjà, un fils de cinq ans environ, Raoul, — la pauvre mère avait retrouvé le courage de vivre, mais pâle comme une ombre, et toujours vêtue de deuil. Ainsi que nous l’avons entendu dire à son fils, un mal terrible était en elle, un mal alors inconnu, l’anévrisme; causé par une première émotion, le péril renais sait à chaque émotion nouvelle. Toujours languissante et triste, il semblait, en de certains instants, tout à coup cqu’elle allait mourir. Les caresses de ses enfants, les baisers surtout de sa fille, tel était le seul remède qui put la ranimer. Elle ne vivait que par eux, que par elle. Et cependant il était un jour dans l’an née, le 17 octobre, anniversaire de la mort de son mari, où elle se refusait la joie de...