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Journal de la ville de Saint-Quentin et de l’arrondissement, 27 mai 1849

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Journal de la ville de Saint-Quentin et de l’arrondissement
27 mai 1849


Extrait du journal

La Situation. Quelques jours après l’élection du 10 décembre, et à la veille de la conspiration avortée du 29 janvier, nous nous deman dions avec inquiétude : où allons-nous ? Et notre conscience troublée ne trouvait d’autre réponse, à cette triste question, que des paroles de doute et de découragement. Où nous allons, disions-nous ? à la misère, à la guerre civile, à l’anarchie , à l’abaissement continu du nom français en Europe, si la France, par un effort suprême, ne raffermit pas le sol mouvant sons nos pas. La réponse que nous ferions aujourd'hui à cette question, se rait-elle plus rassurante ? Nous le demandons à tous ceux qui suivent avec anxiété les progrès d’une propagande désorganisatrice, les derniers efforts d’une assemblée agonisante qui ne parait avoir pour but que d'effacer les quelques tentatives heu reuses faites par elle en faveur de l’ordre, de la tranquillité pu blique. Nous le demandons à tous ceux qu’inquiètent à juste ti tre , les formidables arméniens des puissances étrangères, non moins que les excitations à la guerre civile qui retentissent tous les jours dans les colonnes de la presse socialiste. 11 faut remonter aux époques les plus tourmentées de la pre mière révolution, pour retrouver une situation aussi tendue ; l’avenir est gros d’orage, non pas un avenir lointain, mais bien peut-être l’avenir qui sera demain le présent. A l’intérieur, le parti qui se glorifie du nom de révolution naire, grimace en vain, maladroitement, des paroles de paix et de concorde ; la comédie jouée par lui au 24 février ne trompe plus personne, et il a beau protester de ses intentions pacifi ques , il a beau prêcher au peuple, dans quelques entrefilets men teurs, le calme, le respect de la légalité, il n’attend que son jour et son heure pour relever les barricades abattues en juin. Nous avouerons volontiers que ses chefs ostensibles sont moins belliqueux, et qu’ils désireraient un dénouement plus pa cifique à une lutte qui, dégénérant en guerre civile, pourrait bien leur enlever toute prépondérance et toute popularité ; mais l’enivrement du commandement leur fait illusion, et ils se flat tent, mais en vain, d’arrêter leurs partisans au moment précis qui sépare les emportemens de la polémique, de la violence qui s’arme et descend dans la rue. Ce n’est point une crainte factice qui nous fait redouter cet appel à la guerre civile suspendue à chaque instant sur nos têtes; il est au fond de cette tactique déloyale qui excite les esprits sous le prétexte venu ; et ces tentatives d’agitation dont le si gnal part depuis quelques jours de l’Assemblée constituante, nous rappelle involontairement ces cyniques paroles de l’ora teur de la Montagne : « Croyez-vous donc que les révolutions se « fassent en disant le mot pour lequel elles se font ? Non ; on « s’empare de toutes les circonstances qui peuvent émouvoir l'o it pimon publique, et, à t’aide d'un tour de main, l’on renverse

À propos

Fondé en 1819, Le Journal de la ville de Saint Quentin publie les annonces judiciaires de son département sans le concours du gouvernement. L’initiative porte ses fruits puisque la publication du journal demeure assurée jusqu’en 1914.

 
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