Extrait du journal

menace permanente du moment et la pierre d’achoppement sur laquelle peuvent venir s’échouer tant d’heureux résultats obtenus ? Rien de bouveau donc dans cette première cônstatation, et ce n’est guère la peine de crier sur les toits, à la façon des gazettes radicales : Teûez-vous bien ; les Débats, qui ont du flair, prévoient et pré disent la catastrophe ! S’ils la prévoient, en tout cas ils ne sem blent pas îa désirer, ce que, par parenthèse, la presse radicale néglige un peu trop. Tout au contraire, ils ne laissent apparaître dans leur argumentation qu’un vif souci d'éviter cette aventure. Pour la conjurer ils se tournent de tous côtés, suppliant à droite, adjurant à gauche, signalant le pé ril à leurs amis et ne le cachant pas à M. Buffet. Est-ce qu’ils ont tort? Est-ce qu’on songe à nier que le péril pourrait venir aussi bien d’un côté que de l’autre? Mais ils désapprouvent par cela môme la politique du ministre de l’intérieur ! — Nullement; ils indiquent les circonstances où, suivant qu’elle sera, cette politique pourra éloigner ou rapprocher les causes des dissidences. — Mais fis avouent ces dissidences! — Non point; ils placent un jalon, un écriteau à l’endroit de la route où les compagnons de voyage, s’ils n’é taient prudents, risqueraient d’être obligés de se séparer. Jusque là, ils constatent l’ac cord et font, ma foi, tout leur possible pour qu’il ne soit point troublé. La note fût-elle de la main de M. Say, que ce ne serait pas déjà un rôle peu méritoire pour un homme d’Etat que ce rôle d’avertisseur vigilant. Des avertissements, nous convenons ici qu'il y en a pour tout le monde, et ce n’est point surprenant, car en bonne conscience tout le monde a de grands devoirs à rem plir dans cette prochaine session. Justement parce qu’une crise serait l'inconnu, comme la feuille libérale le donne discrètement à entendre, le patriotisme devrait commander à chacun de l’épargner au pays. Or, cette crise peut être le fait de l’opposition, siello renverse le cabinet sur la question du mode de scrutin ouïe disloque par une in terpellation ; voilà l’opposiiion prévenue. Elle pourrait être amenée aussi par la subs titution d’un nouveau programme à celui du 12 mars, qui est la charte commune du ministère ; voilà le cabinet averti on bloc et en détail. Y a-t-il l’ombre d’une hostilité dans tout ceci ? Il y en a si peu que la note commence par reléguer la seconde hypo thèse parmi les improbabilités. On aurait compris tout ce qui précède du premier mot, si l’on n'avait interprété le langage des Débats avec le parti-pris d'y voir une menace soit pour le gouverne ment, soit pour l’opposition. Dieu merci, elle n’est ni ceci ni cela, mais un simple signal d'alarme inspiré à de bons citoyens par une situation grosse d’aventures et pas sablement complexe. On la juge fort mal et fort injustement en y voyant un élément de polémique; en la prenant pour ce qu’elle est, pour une constatation et un bon avis, on en tirerait plus de profit....