Extrait du journal

— Décidément, c’est plus difficile que je n’aurais cru. Comme si sa tille avait voulu augmenter son embarras, elle se leva et dit en sou riant : — Je suis sûre que tu désirerais une tasse «le thé ? Il répondit, du ton d’un écolier pris en faute. — Oui.. . j’ai dîné copieusement, ce soir... Et la cuisine du cercle est si épicée ! 11 n’osait môme pas dire qu’il avait dîné chez Angélina. Julienne disparut et revint quelques instants après, portant elle-même un plateau. Elle dit : — Je veux te servir ! Elle riait un peu, en dessous, elle savait bien d’où il arrivait. Et elle était enchantée de voir son embarras. Et lui se «lisait que sa fille était charmante ainsi : il pensait : — Quel malheur qu’elle et Angélina ne puissent pas s’entendre ! H tremblait, comme au premier jour, en songeant qu’il faudrait choisir entre Fune ou l'autre. Tout ù coup, Julienne, qui était allée s’ac couder au rebord d’une fenêtre, tressaillit en poussant un cri de joie. Le notaire de manda : — Qu’y a-t-il ? — Rien, père. — Tu rougis { — Moi : oh. non, père... «— Mais je t’assure... Et tuas un air si heureux !... — Jo suis heureuse d’être avec toi ! M. Fourmont s’approcha A son tour delà fenêtre, inquiet, devinant bien, nu troubla «le sa fille, que quelque chose s’était passé. Il lie vit rien que les beaux arbres «le son jardin, et, plus loin, la nappe claire de la Seine, — Allons, dit-il, il faut nous coucher, il est tard. 11 prit la tète de sa fille dans ses bras et l’embrassa longuement. U crut que le mo ment était arrivé et commença d’une voix solennelle : — Quel malheur, ma chère Julienne, que ta mère soit morte !... (A suivre.)...