Extrait du journal

sœur défendre sa cause, les choses se fus sent terminées par des injures seulement ; mais il eut la malencontreuse idée de se faire son propre avocat, et se mit à piauler comme une nichée de poussins. Cet expé dient exaspéra le bailli, — Tu raisonnes, vraiment I s’écria-t-il ; à ta loge, animal ! Et il lui cingla la figure des glands d’une cordelière oubliée sur un meuble. La camérière poussa un cri, et le pauvre bouffon, passant la main où le coup avait porté, alla s’asseoir dans un coin ; on eût dit un idiot renvoyé à son cabanon. Le bailli, au bout d’une minute, eut re gret de ce mouvement indigne. 11 tira de sa poche une poignée de petites pièces d’ar gent, qu’il lança vers sa victime. — Tiens, lui fit-il, compte-moi cela, êt vois s’il y en a assez pour payer un coup de cordelière et une chanson de rossignol. La jeune servante, contenant avec peine son indignation, affectait de guetter par la croisée le retour de sa maîtresse. Papegai grimaça un sourire grotesque, puis, se traînant à plat ventre, ramassa une a une les piécettes. Il les fit sauter ensuite dans ses mains, en riant comme un enfant, il alla prendre une mandoline, et, les jam bes croisées sur la natte du parquet, il exé cuta le prélude d’une des mélodies du bailli, en brodant sur le tout les gazouillements de l’hirondelle; flatterie qui parut fort agréa ble au compositeur-poëte. Margarita arriva sur ces entrefaites. — Vous voici donc, belle inconstante... Mais, tête-Dieu 1 quel air sérieux ! quelle rencontre avez-vous faite, ma déesse ? Qui vous agite de la sorte ? Elle fit signe au chanteur et à sa servante de sortir. — Savez-vous ce qui se passe, messire ? — Ma foi non 1 Je sais seulement que tu es encore plus belle que d'ordinaire, sous ta pâleur. — La ville n’est pas tranquille. — Laissons-là la ville, la commune et les bourgeois, mon archange, tous réunis ne valent pas un de tes cheveux....