Extrait du journal

La Polémique. Jusqu’à ce jour on a cru ou on a feint de croire que la presse de province avait seule le privilège des polémiques irritantes et passionnées dans lesquelles la discussion dégénérait en personnalités regrettables. Si nous jetons les yeux autour de nous, il sera facile de se convaincre que la presse de Paris semble vou loir accaparer aujourd'hui ce triste avantage et tandis que la polémique est à peu près complètement bannie des feuilles départementales, il ne se passe presque pas de jours où les journaux de la capitale ne rompent des lances plus ou moins discourtoises. Pour n’en citer qu’un exemple entre mille, nous choisirons le spec tacle scandaleux que donnent en ce moment le Siècle et l'Univers dans une discussion pleine de fiel, de gros sièretés et d’injures. Les noms propres sont mis en avant et défigurés a dessein, enfin il n’est pas jus qu'aux plus méchants calent bourgs qui ne viennent orner la prose de ces deux organes politiques de la presse parisienne. Voici quelques échantillons qui prouveront surabondamment la différence qui existe entre le ton ordinaire des journaux des départements et celui d’un trop grand nombre de feuilles de la ca pitale < M. Havin, directeur politique du Siecle avait pris la plume pour dire son fait au rédacteur en chef du journal l'Univers , faire ressortir le scandale et les dangers de sa polémique, l'ignominie de ses délations : M. Veuillot commence ainsi sa réplique: • A côté du La Bédollière quotidien , armé <>ù plutôt orné de son arbalète innocente, parait M. Havin dans le plus grand appareil de guerre, l’œil farouche, la pose animée, le carquois plein de tous les traits que non seulement le cher M. de La Bédollièrè, mais encore M. Jourdan, mais encore M. Plét, et tous les autres Messieurs nous ont lancés et nous lancerons encore, n Nous trouvons plus loin ce tiait dont on appréciera le bon goût : « Le Havin dans les mots brave l’honnêteté. » Et cet autre : « Quel beau jour pour vous . Bédollière, « Quel beau jour pour vous ! » Enfin , citant un certain passage de l’article de M. Havin, M. Veuillot s’écrie • certainement si M. Havin avait fait ronfler de pareilles phrases a la tribune, il eût créé une école et comme on a 1 éloquence Ciccronienne, on aurait eu l’éloquence Havinée. r> Le Siècle, on le pense bien, ne reste pas sans réponse et entr’autres remarques, il prétend que les admirateurs de M. Veuillot sont aussi peu nombreux que les abonnés de son journal. Nous bornerons là nos citations pensant que le lec teur sera suffisamment édifié sur la convenance et...