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Journal de la ville de Saint-Quentin et de l’arrondissement, 30 août 1848

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Journal de la ville de Saint-Quentin et de l’arrondissement
30 août 1848


Extrait du journal

La suite de cet entretien est demeurée un mystère; on sait seulement qu’il fut long, et que le soir était venu quand Alphonse prit congé d’elle. Peu pressé de rentrer dans son palais, il abandonna les rênes sur le cou de son cheval ; et, tout en rêvant, se laissa conduire au hasard. — Mes efforts n'ont aucun résultat, pensait-il; noire amour se meurt, nous le savons tous deux, et les illusions que nous cherchons à faire renaître nous font entrevoir la réalité plus âmere... Je dois montrer du courage et me séparer d’elle pour jamais... Il se rappelle alors les commencemcns de cette liaison prés de finir ; il revit Alix, presque enfant, rougissant sous son regard , naïve et gracieuse comme les fleurs des prairies dont elle semblait être la sœur. Il pensa au jour où la main de la jeune fille avait, pour la première fuis, tremblé dans les siennes, et crut sentir autour de lui le parfum qu’elle avait dans les cheveux un certain soir... Tout ému de ces souvenirs, il cueillait machinalement les fleurs d’un alocs, et les jetait une à une à ses pieds. — Il en est donc ainsi de notre cœur Nous effeuillons notre premier amour sur les pasd une jeune fille... la dernière pétale qui tombe nous rendelle coupable ou malheureux? Que faire ensuite?... On est prince, homme d’état, soldat, quel que chose d'ennuyé..., on a le droit de rire de ceux qui sont jeunes, sauf à pleurer tout bas... En ce moment, quelque bruit ayant attiré l’attention d’Alphonse , il crut distinguer, au milieu du frémissement des arbres et des murmures du vent, une voix... Le ciel venait de se couvrir de nuages, aussi la nuit était-elle assez noire pour qu’il fût impossible à notre héros de reconnaître le lieu où II se trouvait; seulement il devina les massifs d’arbres d’un jardin. La voix disait: « O mes chères petites fleurs, seules amies que j’aie au monde, je viens » pleurer auprès de vous, car vous ôtes discrètes, et uns larmes seront con» fondues avec les gouttes de rosée qui vous inondent. La plus jeune d’entre » vous a vu commencer mon bonheur; et, si courte que soit votre durée, » vous avez toutes assez vécu pour le voir finir... » O mes bien-aimées! mes sœurs ! si quelque rameau de sycomore pen» chait vers vous ses feuilles frémissantes, s’il vous couvrait de son ombre et » murmurait doucement au-dessus de vos calices , prenez garde, petites » fleurs, repliez bien vite vos pétales, couvrez-vous de vos feuilles, tour» nez-vous vers la terre... » L’amour fait mourir; et moi-même je suis devenue pâle comme les roses » effeuillées l’an passé.-. » La voix se tut au bruit que fit Alphonse en se glissant à travers le feuil lage. Il s’arrêta, mais pour entendre fuir un pas ; moins que cela, un frôlement, quelque chosed’à peine perceptible qui se précipitait, cessait tout à coup, puis recommençait avec une hâte nouvelle....

À propos

Fondé en 1819, Le Journal de la ville de Saint Quentin publie les annonces judiciaires de son département sans le concours du gouvernement. L’initiative porte ses fruits puisque la publication du journal demeure assurée jusqu’en 1914.

 
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