Extrait du journal

font célébrer un service dans la chapelle populaire de la Vierge de la Colombe. Presque toutes les maisons de Madrid ont leurs portes cochères entre-bâillées en signe de deuil. Dans les provinces, l’émotion est la même. Les fils télégraphiques sont in suffisants pour transmettre les dépêches de candoléance. Dans plusieurs capitales, des commissions de tous les partis politiques, y compris le parti démocratique, sont al lées trouver le gouverneur pour le prier de faire connaître à la famille royale la part qu’ils prennent au malheur qui la frappe. Le conseil des ministres a décidé qu’un service officiel des plus solennels aurait lieu à la basilique de San Francisco. Bien que la reine ne laisse pas de descendance, on a décidé qu'on lui rendrait tous les honneurs de l’ancien cérémonial. Un souvenir à propos du mariage de la pauvre petite reine : Savez-vous comment don Alphonse lui demanda sa main ? Ce fut un jour qu’ils se promenaient tous deux sur la route de Madrid à Aranjuez, dans une voiture attelée de quatre mules que le roi conduisait lui-même. Don Al phonse fouetta tout à coup son [attelage pour s’éloigner des voitures qui suivaient la sienne, puis, s’adressant à sa cousine en allemand : — Ecoute, lui dit-il, je sais qu’en ce moment ils cherchent à me marier. Mais, sois tranquille, et surtout ne dis rien. C’est toi qui seras ma femme ! L’infante répondit en mettant gravement un doigt sur ses lèvres, et, en effet, elle ne dit rien pendant plus d’un an. La spéculation s’empare de tout. Hier matin, à neuf heures, nous avons eu occasion de remonter la ligne des bou levards. Pas un papetier, pas un libraire, pas un marchand de gravures où ne fût en vedette la photographie de la reine d’Es pagne 1 Dix mille portraits de dona Mercédès ont été commandés à un photographe de la rue de Londres....