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Journal de la ville de Saint-Quentin et de l’arrondissement, 31 octobre 1875

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Journal de la ville de Saint-Quentin et de l’arrondissement
31 octobre 1875


Extrait du journal

Voici la fin de la lettre de M. Gambetta « aux démocrates lyonnais », lettre dont nous avons donné l'analyse dans nos Der nières nouvelles d’avant-hier et qui fait au jourd’hui le sujet de notre Bulletin poli tique ; Arrivés à la vie publique aux heures les plus difficiles de ce siècle, nous n’avons qu'un devoir à maintenir, augmenter et transmettre l’héritage à des générations mieux préparées et plus heu reuses. 11 faut donc mesurer et régler sa marche pour éviter les chutes. Trois grands buts se présentent devant nous : les atteindre suffira largement à l’activité et à la durée des prochaines Assemblées : le crédit de la France, sa puissance matérielle, son dévelop pement intellectuel. Faire une France riche, puissante, éclairée. Le premier de ces buts réclame une réorgani sation financière dont l'impôt sur le revenu doit devenir la clef, en prenant légitimement l’argent là où il est et en dégrevant la consommation et par là même la production de taxes incohérentes et excessives. Le second, en rendant le service militaire réellement personnel et universel, en y prépa rant, dès l’enfance, tous les jeunes Français, et en faisant de l’armée la plus haute expression de l’orgueil national et l’école virile de tous les ci toyens, contient une réforme pour laquelle le pays est déjà préparé et qu’il ne reste plus qu’à compléter. Enfin, et par-dessus tout, il faut refondre à nouveau et disposer en un mécanisme complet un système d’éducation nationale qui restitue à l’Etat ses véritables attributions et qui sache surgir des rangs pressés de tout le peuple l’in telligence et la moralité ; un système à la fois gé néral et technique, qui puisse sûrement mettre en pleine valeur toutes les aptitudes, aussi va riées que merveilleuses du génie français ; un système d’éducation qui, depuis l’école primaire jusqu’à l'enseignement supérieur, repose sur les sruicipes de la société moderne, le respect des ois civiles, l’amour exclusif de la patrie, et réu nisse les Français de toutes les classes dans un même esprit de confiance mutuelle, d’émulation pour le bien général et de solidarité nationale. L’étude des lois nécessaires a une aussi grande et décisive réforme, la formation des maîtres, des écoles et des élèves, l’exécution ferme et patiente de pareilles lois suffiront et au-delà à remplir la durée du mandat des prochaines Assemblées. Après avoir ainsi appliqué la Constitution et les lois dans un esprit constamment libéral et démo cratique, il ne resterait à nos représentants qu’à rendre de nouveau la parole au pays et à le con sulter alors ; mais alors seulement, sur les améliorations qu’exigerait le pacte fondamental de la République. Je suis convaincu qu'en comprenant ainsi le fonctionnement de nos nouvelles institutions, on en tirera les résultats plus bienfaisants dont je crois devoir énumérer quelques-uns. D’abord, les partis hostiles à la République tombent dans l’impuissance et ne tardent pas à se désagréger. La masse du parti constitutionnel subira elle-même une nouvelle transformation : elle se décomposera en deux grandes fractions également respectueuses de la Charte, chacune représentant l’iine des deux forces qui se parta gent toute société réglé* : la force de résistance et la force de progression. Nous assisterons, à l’abri de la Constitution, à la lutte pacifique et légale du parti conservateur et du parti novateur, les wighs et les tories de la République se disputant les suffrages de l'opi nion et se succédant régulièrement au pouvoir. Dans cette France unifiée, il dous sera peut-être donné de voir tomber les haines et les préjugés de classe à classe, la paix civile sera faite. Les nouvelles couches sociales, sorties de la Révolu tion française et du suffrage universel, réconci liées avec l’élite de la vieille société, nous pour rons enfin achever, par l’alliance intime et chaque jour plus féconde du prolétariat et de la bourgeoisie , l'immense évolution commencée en 1789. Sous cette bienheureuse influence, on peut prédire presque à coup sûr un essor inouï des affaires et de la prospérité générale, un attache ment tous les jours plus fervent aux institutions républicaines, une obéissance de plus en plus rigoureuse à la loi, un accroissement de la mo ralité publique. L’Europe , voyant la France stable, forte et sage, lui rendra ses sympathies et son rang légitime. Alors on pourra tenter avec confiance la révision de la Constitution républi caine toujours perfectible du 23 février. L’ordre étant ainsi assuré autant que la liberté, il faudra songer aussi à un grand acte de clé mence pour effacer jusqu’au souvenir de nos odieuses discordes civiles. Ce ne sera pas de la part de celui qu’on a placé à la première et in violable magistrature de l’Etat, et dont la fermeté est connue, que pourront venir les objections à une mesura aussi humaine que politique....

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Fondé en 1819, Le Journal de la ville de Saint Quentin publie les annonces judiciaires de son département sans le concours du gouvernement. L’initiative porte ses fruits puisque la publication du journal demeure assurée jusqu’en 1914.

 
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