Extrait du journal

ARMAND CARREL. Tous les journaux de la capitale, sans exception, ont payé un juste tribut de respect à la mémoire de M. Carrel. Une pareille unanimité n’honore pas moins notre époque que celui qui en est l’objet. Le parti républicain se désole, et il a raison; car il possédait dans M. Carrel un beau caractère, pour lequel il était loin de professer un respect aussi profond que celui qu’il manifeste aujourd’hui avec tant d'ostentation. M. Carrel flétrissait lui-même à* imbéciles furieux les énergumènes qui se paraient du nom de républicains, et n’apportaient à leur parti que des embarras, des entraves et des prétentions ridicules. Il se faisait illusion sur les hommes el sur les choses; il déplorait souvent,avec la plus profonde amertume, l’intraitable insuordination, les peluchais pervers, les principes désorganisateurs d’un grand nombre d’hommes qui marchaient dans les mêmes voies que lui, et qu’il essayait vainement de ramener à des doctrines plus saines, à une intelligence plus logique de la liberté. Que recueillait-il de ses efforts ? Les seclionnaires l’appelaient démocrate en gants jaunes, marquis de la république, ou républicain à talons rouges. Armand Marrast lui-même était regardé par eux comme un aristocrate, et nous ne taririons pas si nous voulions répéter les ignobles propos, les épouvantables menaces exhalées contre ces deux écrivains par les hommes de l’émeute....