Extrait du journal

Montélimar, 16 novembre 1889 L’idée générale qui peut se dégager de l’ouverture des Chambres c’est qu’il n’y a absolument rien de changé dans l’état d’esprit des gauches. Même tempérament haineux et ty rannique recouvert comme les pilules qui contiennent les drogues les plus amères et nauséabondes d’une mince couche de simili-or ou argent ou pour mieux dire de simili-libéralisme qu’un coup d’ongle enlève. Encore ne faut-il plus employer le mot de libéralisme. Il a fait son temps. La République l’a tellement truqué, tellement torturé, tellement déconsidéré qu’elle même sent le besoin de le changer. Il n’y aura plus de libéraux dans la nouvelle législature. Beaucoup de ré publicains écoutant la leçon donnée par M. Goblet au banquet Hovelacque qu’il présidait, ont fulminé contre tout émiettement et réclamé l’union intime de tous les républicains sous le nom de progressistes. Il faut aller de l’avant, disait-on volontiers. Où, on n’en sait rien. Mais si l’idée d’un groupement unique n’a été que modérément goûtée, le mot a plu. Va donc pour progressiste ! Cela permet également d’aller plus à gauche, de dessiner un retour à des idées plus conciliantes et tolérantes, voire même de ne rien faire du tout. C’est un mot à tout faire. Vivent les progressistes....