Extrait du journal

La petite ferme d’Ancône, qui domine du haut du chemin des «digues», les oseraies de la «lône», et qui s’abrite, frileuse, sous la bise d'automne, derrière sa haie de cyprès, n’a point changé. Les mûmes «canisses» de roseau, pont étagées le long des murs, et dans les re coins des .hangars. De beaux enfants joufflus, jeunes pousses d'avenir, écloses dans le calme générateur des campagnes, jouent dans la cour. Le puits, si je ne m’abuse, ouvre toujours sa bouche béan te, sur le même seau vermoulu, captif au bout de sa même corde effilochée, ot les poul.s, (sont-ce bien les mêmes?) ou vrent toujours de grands yeux ronds, ré probateurs, communs du reste à toutes les poules troublées dans leur respecta ble quiétude. Il y a plus d’un an que je ne suis venu ici. Le hasard d'une .course, disons le mot, d’une affaire, m’a conduit tout près de l’habitation des époux Taulcigne, qui abrite la centenaire d’Ancône. Je me suis souvenu d’elle en voyant, la petite ferme blottie dans ses cyprès, les enfants, le puits, les poules, tout un monde enfin, qui me considérait avec un air de re proche. Délibérément, j’ai poussé la barrière et, ma foi tel un intrus je me suis glissé par la porte entr’euverte. Et dans une grande cuisine de ferme, j’ai vu, toute menue, toute ratatinée, au coin du feu, une bonne vieille, une mèregrand, si chenue, si cassée,, si transie, que les contes d’aujourd’hui auraient...