Extrait du journal
Un discours de M. Loubet Du Nouvelliste : Contrairement aux jours, les discours de M. Loubet se suivent et se ressemblent. Dans celui qu’il a prononcé au Mans, en réponse à l’allocution du maire, M. Loubet nous a encore parlé de tolérance et d’apaisement. 11 faut vraiment avoir un certain toupet pour oser nous resservir ces formules au lendemain de la déclaration ministérielle et des menaces par lesquelles la majorité a répondu au récent discours de M. Ribot a la Chambre. Comme ce dernier, pour apaiser les fureurs de la Gauche invoquait le discours de Dunkerque, la majorité a couvert sa voix par des huées. Le président B jurgeois est même intervenu dans la discussion pour demander à l’orateur de ne pas faire allusion à la personne et aux paroles du président de la République. On ne pouvait dire plus crûment à M. Loubet qu’il se mêlât de ses affaires et non pas de celles du gouvernement. Et pourtant ce gouvernement qui suc cède à celui de M. W aldeck-Rousseau, n'est-ce pas M. Loubet qui l’a choisi ? Rien ne l’obligeait à remplacer un mi nistère sectaire par un autre non moins sectaire et dont le chef représente mieux encore que M. Waldeck-Rousseau la haine religieuse et l’intolérance à tous les degré*. On eût compris qu’au cours d’une légis lature, M. Loubet, se soumettant aux exi gences de la majorité, eût porté son choix sur des hommes indiqués par celte majo rité ; mais au lendemain des élections il était libre de choisir des ministres dont l’esprit correspondit au programme qu’il ne cesse de nous ressasser. Il avait même la chance de voir la majorité respecter un ministère qui eut représenté sa pensée. Or M. Loubet s’est bien gardé d’agir avec cette indépendance. Avant même que la Chambre se fut réunie, il avait jeté les yeux sur M. Combes dont il n’ignorait point le programme de haine et de division. Il n’avait pas attendu pour s’exécuter la moindre indication de la Chambre nouvelle, et dès la rentrée il confiait la direction du gouvernement à des hommes qu’il savait pertinemment être des adversaires « de la tolérance, de l’union et de l’apaisement. » Que vient-il donc nous parler encore de concorde et de paix ? A qui s'adresse-t-il ? A son ministère ou au Parlement ? Vraiment si on ne connaissait de longue date l'esprit hypocrite et roublard du vieil avocat de Montélimar, on prendrait de telles manifestations pour l’expression d’un cas pathologique dangereux. Mais ce n’est as dans notre région où le passé de M. ou bel est bien connu, que de telles pa roles peuvent trouver quelque créait. L’ancien maire de Montélimar qui en 1871 faisait prendre par son Conseil une déli bération en faveur de la Commune de Paris, n’a pas changé. C’est bien toujours le même robin madré, ménageur de la chèvre et du chou, cachant sous un sou rire bonhomme ses petits intérêts, couvrant les pires actes de violence jacobine par des mielleuses déclarations et un petit hoche ment de tête plein de douloureuse pitié. Il n’y a donc pas lieu, une fois de plus, de faire le moindre cas de pareilles décla rations, auxquelles le public ne voudra croire que le jour où elles auront reçu une sanction officielle. Certes l’apaisement, l’union, la toléran ce, la nation les réclame, parce qu’elle meurt de la division, des haines, des per sécutions qui troublent le pays. Mais les empêchements à une telle pacification viennent d’en haut, de la majorité et des ministres qui n’édifient leur fortune poli tique que sur le désordre et ne se main tiennent au pouvoir qu’en excitant les passions. M. Loubet a versé quelques pleurs sur la situation lamentable qui lui est faite. Il s’est plaint des attaques dont il est l’objet et qui, a-t-il dit, diminuent l’autorité dont il doit être revêtu. Voilà un langage qui rappelle un peu celui dont s’est servi M. Casimir-Perier en abandonnant le pouvoir sous les injures et les sarcasmes de ceux chez lesquels M. Loubet a cherché depuis ses meilleurs soutiens....
À propos
Fondé en 1858, Le Journal de Montélimar était un hebdomadaire publié dans la Drôme. Antisémite et collaborationniste, il fut supprimé à la Libération en 1944.
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