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Journal de Montélimar, 30 novembre 1889

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Journal de Montélimar
30 novembre 1889


Extrait du journal

rité du produit et en facilite l’exportation sur les points les plus éloignés. MM. de La farge traitent pour la fourniture des plus grandes entreprises ; la compagnie de l’is thme de Suez prend à elle seule l’énorme quantité de 120,000 tonnes de chaux ; des succursales se fondent dans les diverses parties du monde, et la fabrication des ci ments de Lafarge ajoute un nouvel élément à la prospérité de cette grande industrie, qui, aujourd’hui avec ses 45 fours, ses 700 chevaux vapeur de force, son merveilleux outillage, son embranchement sur le che min de fer, son port sur le Rhône, peut revendiquer un des premiers rangs parmi les grands établissements de France. En 1887, l’annexion des autres usines de la vallée du Rhône permet d’élever au chif fre énorme de 500,000 tonnes de chaux en pierre, c’est-à-dire 450,000 tonnes de chaux blutée, et à 36,000 tonnes de ciment, la production annuelle des usines réunies. Mais par-dessus cette merveilleuse pros périté qui, dans le seul rayon des usines de Lafarge, fait bénéficier le pays d’un mini mum de 300,000 fr. par mois, on dirait qu’une providentielle influence a inspiré à la volonté dirigeante tout un plan d’insti tutions ouvrières qui font des usines de Lafarge comme un phalanstère chrétien : caisse d’épargne, œuvres coopératives, can tine, logements d’ouvriers, cercle, écoles, patronnage, hospice, MM. de Lafarge ont réuni tout ce qui peut alléger, pour le travailleur, le fardeau si lourd de la vie. Aussi est-ce avec justice que le jury de l’Exposition universelle de 1889 a décerné à l’usine de Lafarge, en même temps que le grand prix constatant l’excellence de ses produits, une médaille d’or pour ses œu vres économiques et ouvrières. L* MESSE. LE DÉFILÉ. C’est pour célébrer le cinquantième an niversaire du début de cette œuvre colos sale, et en même temps les cinquante an nées de travail de son principal fondateur M. Edouard de Lafarge, que l’établissement était en fête samedi dernier. Et c’était un imposant tableau que cette immense famille ouvrière groupée autour de son premier chef pour luiapporter le tribut de sa gratitude et de ses vœux. Comme si le ciel eût voulu se mettre à l’unisson de la fête, le soleil d’une splendide journée d’automne, déchirant tout à coup le brouillard du matin, illu mine de ses rayons à peine refroidis le vaste hémicycle compris entre l’antique fief des évêques de Viviers et le grand Rhône gris, qui d’habitude mêle son éternel murmure à l’aigre sifflet des machines et aux puissan tes voix de l’industrie. Le coup d’œil tenterait le pinceau d’un artiste : aussi loin que s’étend le regard, ce sont des mâts enguirlandés de buis ; un arc de triomphe monumental s’élève, sur la route, à l’entrée des usines, portant l’ins cription : Honneur au travail ! De tous côtés, des groupes nombreux d’ouvriers se rendent à la messe d’actions de grâces célébrée à l’élégante chapelle de l’u sine par le digne aumônier, M. l’abbé Tar dieu. M. Edouard de Lafarge, entouré de sa fa mille, assiste à cette touchante cérémonie, au cours de laquelle l’officiant prononce une allocution émue ; C’est avec bonheur que je vous vois au pied de l’autel, au matin de cette grande fête de fa mille. Vous avez répondu à l’invitation du chef vénéré de l’usine dont vous allez célébrer tout à l’heure le travail et l’intelligence de 50 ans, et dont vous glorifiez en ce moment l’esprit de foi, les sentimenlschrétiens qui l’ont inspiré,toujours soutenu et lui ont mérité la prospérité si admira ble de son industrie. Que ce catholique éminent reçoive au nom de l’Eglise dont je suis l’humble mandataire, mes plus sincères félicitations et tous nos souhaits de bonheur. Vous avez obéi aussi à vos convictions chrétiennes qui vous font reconnaître Dieu auteur de tout bien, et avec votre patron aimé, vous êtes venus lui rendre grâce, lui offrir les prémices de votre fêle, lui demander des bénédictions nouvelles. C'est la garantie la plus sûre de l’avenir. El l’orateur développe ensuite des consi dérations élevées sur l’esprit de foi, qui rend les œuvres durables, sur la fraternité chrétienne qui apprend aux hommes qu’ils sont tous frères. A l’issue de la messe, M. de Lafarge lit la formule de consécration de ses usines et de ses travaux au Sacré-Cœur. Cet acte de foi chrétienne impressionne vivement la nombreuse assistance. Après la messe, M. Edouard de Lafarge reçoit ses invités ; nombre d’entre eux lui sont présentés ; ils stationnent près de la salle d’extinction transformée en un im mense hall pour le banquet. Pendant ce temps le personnel de l’usine de Lafarge se réunit sur le plateau de la montagne,vaste plaine créée par l’exploitation de la carrière, qui chaque jour en augmen te l’étendue. C’est là que fut chargée, il y a quelque temps, la mine monstre de 8,000 kilos de poudre. Cà et là, d’énormes blocs do rochers détachés du massif, vrais géants de pierre qui bientôt seront réduits en poudre pour aller aux confins du monde se recons tituer en une matière inaltérable. Tout autour, les fours dont l’immense brasière laisse échapper de la terre humide une buée qui se résout en vapeur et se perd dans la brume du matin. Le spectacle est pittores que et imposant à la fois. Le personnel de l’usine est au com plet, fanfare en tâte, et se met en mar...

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Fondé en 1858, Le Journal de Montélimar était un hebdomadaire publié dans la Drôme. Antisémite et collaborationniste, il fut supprimé à la Libération en 1944.

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