Extrait du journal
L’HISTOIRE DIRA CE QUI NOUS FUT EPARGNE Français ! Je veux vous parler de la France, de sa détresse présente, de son avenir. En juin 1940, vous m'avez, d’un élan unanime donné votre confiance. Je vous ai demandé de rester unis. Je vous ai promis de tout faire pour atténuer votre malheur. Ma grande préoccupation, dès ce moment, fut de travailler à la rénovation de la France et d'éloigner de vous les conséquen ces les plus pénibles de la défaite. L'Histoire dira plus tard ce qui vous fut épargné. LES RESPONSABLES Si le présent vous semble dur, si l'épreuve vous paraît longue, vous commettriez une erreur plus funeste encore qu’injuste en accusant le gou vernement de ce qui vous afflige. Les responsables de vos maux, les fauteurs de la guerre et de la défaite, vous les connaissez, Liés aux causes du désas tre, ils en ont fui les conséquences. Tandis que je demeure parmi vous, ils se réfugient dans l’émigration. Rivaux pour le commandement et les places, ils ne s’entendent que pour tenter de réhabiliter, par une propagande im prudente, le régime dont ils ont profité et qui a perdu le pays. IL FAUT CHOISIR H faut choisir. Les chefs rebelles ont choisi l'émigration et le retour au passé. J’ai choisi la France et son avenir. L’Assemblée nationale de juillet 2940 a, elle aussi, librement choisi lorsqu’elle m’a confié le mandat de faire une nouvelle Constitution. La nation française a donc rompu légalement avec un régime que les faits ont condamné et qui est mort de ses fautes. Mais la guerre se prolonge dans le monde et chacun, pour échapper aux angoisses du présent, se réfugie dans l'espoir d’une fin prochaine de cette lutte cruelle qui met en péril notre civilisation. Croyez-vous que les métho des et les hommes qui ont conduit le pays au désastre pourraient lui rendre sa grandeur ? Je vous le dis avec toute la conviction dont je suis pénétré : si la paix qu’attendent ces mauvais français consiste à revenir aux mœurs politiques, économiques et sociales d'avant guerre, la France ne se relèvera pas. L’AUTORITE EST NECESSAIRE Aux principes que j’ai édictés, vous n’avez pas ménagé votre assenti ment. Vos lettres par milliers, les plaintes mêmes qui montaient vers moi, des plus malheureux ou des plus impatients, n’ont cessé d'approuver et d’affermir ma volonté de donner à la France le régime d'autorité que conseillent la raison des plus sages et le bon sens du grand nombre. Seule, l’autorité garantira les libertés réelles dans le travail. Seule, l’autorité permettra, quand la France sera délivrée des contraintes de la geurre, d’abattre les privilèges et de réaliser le programme social que j’ai formulé à Saint-Etienne et à Commentry. Une phrase le résume : supprimer la condition prolétarienne, tel est le but de la Charte du Travail. J’ai voulu aussi donner aux travailleurs des campagnes, leur organisation : la corpora tion paysanne est réalisée. Je n’ignore pas que l’application des lois n’a pas toujours répondu à votre attente et que des inégalités sociales sont encore criantes. Les cir constances extraordinaires dans lesquelles nous nous trouvons sont sévères. Croyez-vous que je ne porte pas mon fardeau de désillusions et de sacri fices ? Faites loyalement un retour sur vous mêmes. Vous vous joindrez alors à ceux qui ont compris et qui, pour sauver la patrie, travaillent avec moi à réveiller les indifférents, à ranimer le courage des tièdes et à briser la résistance des égoïstes et des profiteurs. Nos prisonniers nous donnent l’exemple. Dans les camps, ils méditent, ils travaillent : loin des passions partisanes et des luttes d’influence, ils préparent ce qui, demain, sera la seule chance de salut de la France. AUX JEUNES FRANÇAIS Mais H est vain de transformer les institutions, si on ne transforme pas les âmes. Il est vain d'espérer la fin de notre décadence tant que nos enfants n’auront pæ reçu de leurs maîtres une conscience neuve. N’estce point là la grande mission des éducateurs ? Il me faut mieux que l'obéis sance de la jeunesse, il me faut sa conviction ardente, sa volonté d’action^ et sa foi. Ainsi, se formeront les élites qui. sorties de toutes les catégories sociales de la nation, constitueront l’armature de la France de demain. Jeunes Français, voici que de nouvelles épreuves viennent de nous être imposées, fl vous appartient de faire qu’elles soient fécondes. Accueillez-les avec discipline. Ne vous souvenez de notre défaite que pour préparer notre renaissance. Soyez attentifs à discerner autour de vous ce qui peut servir à vous perfectionner. Manifestez dans vos gestes .dans vos paroles, par la qualité de votre travail, par votre esprit d'initiative et d’invention, le génie de notre race. Ma pensée ne vous quittera pas sur le chemin et les lieux de votre dépaysement. Faites que je sois fier de vous. LE SALUT EST EN NOS MAINS Français, mes amis, libérez votre conscience des préjugés et des rancu nes ; vous comprendrez mieux alors ceux qui ont la charge douloureuse de vous conduire. La France souffre dans son âme et dans sa chair. Que nos morts, dont je salue avec émotion la mémoire, que ceux dont les foyers sont détruits par des bombardements injustifiables, vous soient un exemple et vous don nent le courage et la force de supporter vos épreuves personnelles. Vous trouverez dans l'adversité mémo le sens et le chemin de la grandeur. Mais sachez vous garder des tentations et des chimères. La barbarie communiste, si elle triomphait, ne pourrait que détruire à jamais notre civilisation et notre indépendance nationale. Notre pays ne se relèvera pas sans le con cours des forces spirituelles qui l’ont fait naître. Le salut de la France ne lui viendra pas du dehors. Il est dans nos mains, dans vos mains. Ici le Maréchal a fait une courte pause, puis d'une voix alourdie d'émotion, il a ajouté : Mes amis, je viens d’apprendre que la banlieue parisienne a été cet après-midi l’objet d'une nouvelle agression anglo-saxonne. Ce sont encore des morts, des blessés, des foyers déruits. Ils s'ajoutent à la longue et dou loureuse liste des victimes de nos villes du Nord, de Bretagne, de Normandie et de Tunisie. En protestant contre des actes que rien ne justifie, j’adresse aux familles de ces innocentes victimes l’expression de ma grande tristesse et de mes affectueuses condoléances....
À propos
Fondé en 1861 à Roanne sous le nom de Nouvel Écho de la Loire, l'hebdomadaire devient en 1864 le Journal de Roanne et revendique une ligne éditoriale « régional et patriote ». Toutefois, le journal collabore avec les Allemands sous l’Occupation et est en conséquence supprimé en 1944.
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