Extrait du journal

L’ORPHELINE DE LA LÉGION-D’HONNEUR. (Fin.) Avant d’envoyer cette réponse, la jeune femme l’avait relue. Un moment elle fut sur le point de la déchirer. Une femme ne se méprend jamais sur l’amour qu’elle a fait naître; elle savait bien ce qui se passait dans le cœur du jeune officier de marine; elle voyait bien que chacune de ces quelques lignes quelle*lui adressait serait un coup terrible pour lui. Mais tout autre attitude serait une faute dont on ne pouvait pas calculer les conséquences. Valcntine se considérait comme étant sur le bord de l’abîme et prête à y tomber. Cette réponse sèche, froide, impitoyable était sans doute le seul moyen qu’elle eût de sauver Cyprien et elle-même. Dans la soirée, elle reçut un autre billet, tou jours au crayon. Celui-là contenait des paroles de désespéré et presque des menaces. « Eh bien ! non, madame, je ne veux point vous obéir; je ne veux pas quitter le château. « Je vous aimerai malgré vous. r Cyprien. » — Comme il doit souffrir, le pauvre garçon ! pensa Valentine; mais que faire? Si son neveu se fût- présenté à elle en ce mo ment, Mme de Luçay serait sans doute revenue sur sa réponse; elle eut tendu la main à Cyprien, et le roman se fût noué comme il arrive dans toutes ces sortes d'aventures. Par bonheur, l’enseigne ne se montra pas. . La nuit qui suivit cette orageuse journée fut pour Valentine une nuit d’insomnie. Le péril avait été si grand qu’elle en frémissait encore. Elle exa mina sa position et elle comprit que si le danger était passé pour un jour, il pouvait se renouveler le lendemain. En pensant à Cyprien, à son amour et à son désespoir, elle se sentait faiblir. Elle son-...