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Journal de Roanne, 26 juin 1898

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Journal de Roanne
26 juin 1898


Extrait du journal

A. voir les difficultés des premiers jours et l’incohérence des décisions de la Chambre qui ont incité M. Mèline à se retirer, il semble que l’on doive désespérer de la nouvelle législa ture, qu’aucune majorité stable ne saurait s’v rencontrer, que nous allons revenir aux beaux jours où trois mois paraissaient une longue durée pour un ministère, où la direction gou vernementale était aussi inconsistante audedans que précaire vis-à-vis de l’étranger. Et ainsi seraient perdus à peu près tous les bénéfices de deux ans d’apaisement dans la politique intérieure, d’une grande alliance, d’un effort suivi de deux années dans la poli tique extérieure. Il est, croyons-nous, permis de se montrer moins pessimiste, et sous ces apparences d’in cohérence et de désordre, il nous semble au contraire qu’il y a un certain nombre sinon d’idées du moins de sentiments très forts et très nets. Et d’abord il y a à la Chambre une majorité modérée. L’élection de M. Paul Deschanel l’a prouvé. L’ordre du jour même sur lequel M. Méline a démissionné a donné une majorité. Cette majorité était favorable à M. Mé ine, il ne faut pas l’oublier, et il est singulier que, sur cinq scrutins, M. Métiue ayant remporté quatre victoires, on veuille nous dire qu’il a été battu et que les radicaux ont triomphé. Mais il y a mieux. Hier même les radicaux ont encore tâté le fer. Ils voulaient retarder deux validations, l’une de M. Georges Leygues, modéré, l’autre du duc de Rohan, monarchiste; ils ont été battus par deux fois: d’abord par 50 voix, puis par 100 voix de majorité. Et il n’y avait pas de ministère sur les bancs, et on ne savait encore de quel côté se trouvera définitivement le pouvoir. Qu’on ne dise pas que ces votes ne sont pas des votes politiques. Dans une assemblée poli tique. surtout depuis b»s errements tradition nels de la troisième République en matière de validation, tous ce» votes ont un caractère politique. Je conclus qu’il y a à la Chambre une majorité modérée qui, si elle était commandée par un ch^-f hardi et rûr, s’élèverait à bien près d’une centaine de v-ux. Déduisez, si vous le voulez, une quarantaine de monarchistes, cela fait encore au moins quarante voix exclusive ment républicaines. Si cette majorité ne s’est pas fait voir au moment où c’eût été le plus nécessaire, c’est qu’elle est sourdement hantée par deux crain tes qui ne lui permettent pas de voir clair toutes les fois qu’oa arrive habilement à les mettre en jeu. Les hommes du centre ont également peur et des catholiques et des socialistes. Ils ont peur que ceux-ci ne les divisent et que ceux-là ne les mènent à Canossa. Or, ils ne veulent ni être divisés ni renoncer à leur sectarisme. Ils ont encore trop peur des Loges et des comités maçonniques. Tous étaient convaincus que si M. Méline avait triomphé, les républicains catholiques auraient immédiatement exigé la modification radicale des lois scolaires. « C’est sur le terrain de l’école que la bataille se serait livrée », disait hier l’un d’eux, et non des moindres. Cependant les modérés ne sont pas moins convaincus que, sans l’appui des catholiques, ils sont impuissants à résister aux poussées révolutionnaires....

À propos

Fondé en 1861 à Roanne sous le nom de Nouvel Écho de la Loire, l'hebdomadaire devient en 1864 le Journal de Roanne et revendique une ligne éditoriale « régional et patriote ». Toutefois, le journal collabore avec les Allemands sous l’Occupation et est en conséquence supprimé en 1944.

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