Extrait du journal

Il n’y a pas que le péril clérical ; il y a déci dément le péril anarchiste. Paris a peur et la province n'est pas rassurée. Ravachol a eu des vengeurs. Une explosion nouvelle a, à la veille du procès du monstrueux criminel, détruit le restaurant où il avait été arrêté. Il y a eu plusieurs victimes, dont deux grièvement mutilées. Ce crime, qui décèle une audace folle et une haine féroce, soulève enfin contre la secte anarchiste une indignation unanime, une légi time colère. On tombe généralement d’accord que les anarchistes ne méritent pas la moindre indul gence. «l'ai beaucoup admiré la générosité et l’es prit politique qui inspirait au grave M. de la Berge les réflexions suivantes, au sujet des arrestations d’anarchistes : « Jusqu’à plus ample informé, nous préfé« rons croire que le parquet, en opérant les « arrestations, a incarcéré purement et simple« ment des délinquants et des criminels contre « lesquels il a des informations précises. Nous « sommes persuadés que le procureur général « n’aurait pas ouvert une action judiciaire au « criminel s’il n’avait pas l’intention de la « mener jusqu’au bout et la conviction qu’elle « est fondée non sur des faits de tendance, « mais sur des preuves matérielles. » J’aime à espérer que les scrupules de M. de la Berge ont disparu maintenant — et je re marque que ce franc-maçon puritain, cet IIomais clément aux sans-patrie est le plus aveugle des sectaires quand il parle des curés, le plus impitoyable des dénonciateurs quand il s’oc cupe des fonctionnaires suspects ! X Il est bien évident maintenant que le parti anarchiste — ou, pour parler plus exactement, la bande de malfaiteurs que l’on est convenu de désigner sous ce nom — est organisé et poursuit avec persévérance son programme de destruction. Ce n’est pas un danger imaginaire. Les crimes auxquels nous assistons ne sont pas des faits accidentels. Ceux qui les commettent ne sont pas quelques déments agissant isolé ment. Comment a-t-on pu laisser cette organisation se former, se développer jusqu’au jour où le bruit de l’explosion du boulevard St-Germain a réveillé la vigilance assoupie des autorités publiques ? Comment se fait-il que les provo cations sauvages qui ont précédé ces crimes aient été si longtemps tolérées ? « Si Von voulait répondre à ces questions, c’est, disent les très modérés Débats, l’histoire de la politique suivie depuis quelques années qu’il faudrait faire, et l’on montrerait aisément comment des ministères asservis à un parti radical, qui lui-môme a sa clientèle et ses ap puis dans les groupes révolutionnaires les plus avancés, n'ont jamais été en état de faire tout ce qu’ils devaient pour la défense sociale et le maintien de la sécurité publique ». Encore une fois, quand on laisse s’organiser et manifester en toute paix le parti des révo lutionnaires ; quand les folies les plus dange reuses s’écrivent et se disent ; quand les pro vocations les plus farouches se colportent; quand on laisse monter la haine et rugir l’envie, doit-on s’étonner que, de théories sauvages, on passe à la pratique de plus en plus fréquente des attentats et des crimes l La république opportuniste a dépensé beau...