Extrait du journal

En effet, s’il est un fait indéniable, c’est qu’à toutes les époques et sous tous les régimes, Vargent est une force, un levier d’une énorme puissance, et qu’il usurpe trop souvent la considération et l’influence dues au travail, à l’intelligence, à la probité morale et matérielle. Si donc, vous pouvez faire converger vers un but déterminé, les efforts des riches, conscients ou non du rôle qu’ils jouent, vous détenez une puissance considérable et dangereuse. Or, c’est précisément ce qui constitue la puissance des Jésuites. Leurs élèves appartiennent aux classes élevées de la société; tous ou presque tous, seront riches, soit par leur patrimoine, soit par les mariages qu’on leur fera contracter. Elevés daims les principes d’une morale propre aux Jésuites — la morale jésuitique — la mentalité de ses élèves, devenus hommes, sera toute différente de celle des jeunes gens d'origine différente. Leur conception de la société sera celle de leurs professeurs, devenus et restés leurs « directeurs de conscience », auxquels ils racontent tout ce qu’ils voient, tout ce qu’ils entendent, et dont ils suivent les instructions pour tous les actes de leur vie. Jusqu'à sa mort, en effet, l’élève des Jésuites est conseillé, protégé, poussé par ses anciens maîtres. Aussi est-il pour eux plein de dévouement et de reconnaissance, ne se doutant pas que s'il est ainsi protégé, c’est parce qu’il est utile à X’œuvre, parce qu’il constitue un des fils du réseau tendu par ses anciens maîtres sur la société tout entière, dans tous les pays....