Extrait du journal

Elle était assez active pour employer sa santé, assez intelligente pour occuper son cerveau, assez diverse pour tromper sa cu riosité, assez considérée pour flatter son orgueil, assez lucrative pour lui donner l’illusion de la richesse, assez remplie d’af fections et de devoirs pour satisfaire son cœur. Rien ne l’empêchait de la modifier, s’il en était las. A trente huit ans, il était danstoutela vigueur d’une jeunesse vivace, n’ayant alors pas un cheveu blanc à sa toison brune et portant allègrement la fierté d’une réputation courageusement conquise. Il pouvait marier d’autorité Belle, qui n’eût pas résisté à son premier ordre. Il pouvait se marier lui-même et se refaire une vie. Il est peu probable qui l’ait désiré. Jamais il u’eût retrouvé l’équi valent de ce qu’il tenait. Aucune société ne lui eût remplacé celle d’Isabelle, Aucune tendresse, aucune beauté ne lui auraient valu l’amour et la beauté de ma mère. VIII La médisance publique donnait à Guy Forgeron un chiffre exagéré d’amies dans notre bonne ville. A vrai dire, je crois qu’on lui avait attribué, à ce titre, à peu près toutes les femmes aimables à qui leur situation créait des loisirs, et dont la jeu-...