Extrait du journal

TRIBUNAL DE POLICE CORRECTIONNELLE, Audience du 4 mars i834Le Ministère public contre Mermangin, Colux et Pater. On voit figurer sur le banc des prévenus trois enfans au physique équivoque, d’une tenue annonçant un peu leur vie vagabonde et avanturière, ils sont là rangés côtes à côtes , et se regardent avec surprise, en attendant que le tribunal ait pris séance. Mermangin est âgé de dix-sept ans, il est né à Nancy ( Meurthe) où son père est loueur de cabriolets. Valiez pas croire, au moins, qu’il soit sans aucun moyeu d’existence et qu’il s’agisse de vagabondage ! Oh non ! Mermangin a un état, il voyage de pays en pays, on le trouve sur toutes les foires, et là, une table et un petit sac devant lui, les manches retroussées, il est facile de savoir quelle est sa profession : J lien dans les mains, rien dans les poches et une grosse boule, ou une grande quantité de grains de blé sort aussitôt de dessous ses gobelets pendant qu’en ce moment peut-être un adroit doux dcvalLe le gousset de son voisin. En voyageant ainsi, Mermangin a rencontré, sur sa route, ses deux compagnons et les a pris à son service : l’un est de Sainte-Méncliould (Marne), Pautre de Monceaux près Vervins (Aisne) leurs païens sont morts du choléra. Ils arrivèrent tous trois à Sâacy-sur-Marne, canton de la Ferlé sous-Jouarre, le premier février dernier : et logèrent dans une petite hôtellerie dont la noirceur attestait les injures du teins. C’était un samedi.... Die s sahbatti.... jour néfaste, si jamais il en fut. Je voudrais ajouter à cela qu’un vent glacial soulevait de larges flocons de neige qui s’en allaient en tourbillons frapper les vitraux de la chapelle solitaire ; sans doute que ma description y gagnerait, mais malgré mon désir de donner une couleur romantique à une audience de...