Extrait du journal

vraiment pas le temps. Il tâchera d’être exact au dîner, ci c’est beaucoup... Le temps avait été clair et assez doux; il faisait grand jour encore, ce soir de mars, à l’arrivée du train de six heures. Ma mère était habillée comme jamais je ne l’avais vue, liés simplement, d'une robe un peu traînante en cachemire couleur d'héliotrope et d'une pèlerine longue, de la môme étoffe moelleuse et souple. Ses cheveux fauves, tordus uès haut, soule vaient comme une pointe de diadème un petit chapeau de tulle violet, où scintillait une aigrette d'or. Autrefois, elle n’aimait que les riches étoffes, les velours, les pe luches, les manteaux bordés de fourrures, les grands chapeaux couverts de plumes, toutes les exagérations de luxe dont elle portait fièrement la lourde opulence, et qui affirmaient la prospérité de la maison d’Arrell... Jamais elle n’avait élé vêtue ainsi, avec ce goût sobre, qui adoucissait l’éclat peut être trop puissant de sa beau té, et où se révélait la délicate sollicitude d’un goût plus sûr. Elle me paraissait aussi un peu mincie, un peu pâlie, dans le demi jour poussié reux du hall, grouillant d’une foulebanale. Paris avait posé sa marque sur manière. L’immense serre chaude avait frôlé, de ses houppes blanches, le teint un p>u vif de son b- au visage. Sa taille s’était peut être allongée. Elle me parut plus jeune et plus élégante, et peut-être avait elle réalisé ce miracle de devenir plus belle. Annette marchait bien à côté d’elle, trop longue pour ses quatorze ans, sa jeune maigreur un peu étoffée par un grand...