Extrait du journal

être que tristes, si l’action en elle-même a pu avoir quelque côté comique. Donc il y avait ce jour-là, dans l’élude du notaire, une assemblée de débiteurs, de créancicis, d'acquéreurs, réunis pour opérer, si j’ai bien entendu, la répartition du prix d’immeu bles sacrifiés par la pauvre femme, sans pouvoir combler encore un déficit creusé par la mau vaise gestion du mari. Tout était abandonné pourtant et vendu. La situation n’était pas gaie et l’avenir était fort sombre; il est quelquefois permis d'avoir les nerfs irrités pour moins. Enfin, l’acte rédigé par le maître clerc avait été signé par toutes les parties, il n’y manquait plus que la signature du notaire, malheureusement occupé à autre chose pour le moment. Une demi-heure se passa. Une demi-heure, il n'en faut pas tant pour donner place a une mauvaise pensée, à une inspiration funeste. Pendant cette demi-heure on en vint à se taquiner, à se que reller, à se fâcher ; le mari voulut retirer et faire biffer sa signature. « Il est trop tard, n lui fut-il répondu comme dans une circonstance historiquement célèbre. Mais la femme à ces mots, guettant des yeux le maître clerc qui avait l’acte devant lui sur son bureau, saisit un instant favorable, se précipite sur l’acte et s’en empare. Le clerc s'élance et veut rattrapper son acte. Lutte et débat, violents mais prompts, la femme y -met une telle énergie, une telle vivacité, qu’en moins de temps que nous n’en mettons à le raconter, elle avait déchiré i’acte et en jetlait les morceaux au nez des spectateurs. Stupéfaction générale. — Tableau, comme on dit an théâtre. Or, dans son ignorance la pauvre femme n’avait réussi qu’à s’embourber un peu plus. Elle ne changeait rien à la mauvaise situation de ses affaires, au contraire, et de plus elle s’at tirait une fâcheuse affaire correctionnelle....