Extrait du journal
| champêtre du 21 mai, avec les mêmes décora| lions et illuminations. A dix heures du soir, grand feu d'artifice tiré ! sur les rives de la Seine, par Honoré, artificier ■ de Paris. _______ POLICE CORRECTIONNELLE. Femme Infidèle. i II y avait scandale depuis longtemps dans le village de Marcilly. En général il se passe de par le monde beaucoup de choses répréhensibles, aux quelles ou accorde sinon de l’indulgence, du moins une médiocre attention, mais ici, il y avait une telle effronterie dans le vice, que la pudeur publique en i était tout émue. Une femme de vingt-six ans, mère | de trois enfants, laissait son ménage à peu près b ' l’abandon, pour se livrer avec une rare impudence b ! lu criminelle conversation d’un voisin, sorte de Lo; vclace de village. j Passion effrénée de la part de la pécheresse, va literie et forfanterie de la part du pécheur (et l’on | a pu voir à l’audience qu’il n'y avait pas en vérité ! du quoi), ils en étaient venus b ne plus connaître ni ménagemens, ni apparences ; aussi tout le monde en j parlant et s’indignant, il fallut bien que le mari en ! eût connaissance enfin ! Scène de drame au ménage, j Colère, aveux, promesses de se bien conduire, pardon généreux. Ceci forme, si vous voulez, le prei rnier acte. Mais le repentir n’était pas sincère, La bourrasque passée, la femme n’y songea plus. Les criminelles conversations reprirent leur train, au logis conju gal, au logis du complice, en plein jour, en plaine, en sorte que ce n’était plus seulement outrage b l’honneur du mari, mais outrage public b la morale. Le mari, averti de nouveau, se fâcha tout rouge celle lois, et l’élément tragique commença b poindre dans le drame. Il y eut des velléités de meurtre et de suicide, qui vinrent heureusement se ré soudre en une plainte b Monsieur le Maire. La plainte transmise b la justice, sortit son effet, i comme on dit au Palais. 11 en résulta informaj lions, interrogatoires et arrestation des deux couj pablcs. Applaudissements du public et lin du ! 2* acte. Or, la plainte avait amassé un autre orage sur la i tète du mari, qui en avait bien assez b porter. Il i devait de l’argent b l’amant de sa femme,et’tandis I qu’il poursuivait celui-ci au nom de la morale, il se trouva poursuivi lui-mème au nom de l’intérêt. Ici le drame se complique et le nœud se serre. Les parents du Lovelacc intervinrent. Il y eut ; avec eux pourparlers et négociations. Ou sollicita le ! retrait de la plainte, et donnant donnant, on promit ! le retrait des poursuites d’argent. Suspendu entre | sa vengeance et l’assignation, flottant entre la haine j et la crainte, pris entre les branches d’un étau, le | mari fléchit. 11 donne son désistement. | Or, cela fait, en rentrant chez lui, que trouve-t-il j le pauvre homme, digne de toutes les commiséra tions? Un papier timbré ! une signification d’avoir b payer, exploit intempestif d’un huissier inadvertent ! ou trop diligent, ou qu’on avait oublié de prévenir! Dumas le grand faiseur, n’eût pas imaginé mieux ! pour rebrouiller les cartes et resserrer encore le i nœud jusqu’à étrangler son homme. Le mari ne s’é| trangla pas et il lit bien, mais quel beau monologue, i quelle tartine en prose ou quelle belle tirade en vers ! ferait au théâtre le héros d’un drame en pareil cas! | Le nôtre ne dit peut-être pas grand chose, mais i il agit. Il écrivit de suite à M. le procureur impérial qu’il se désistait de son désistement et reprenait sa plainte en sous-œuvre. Là finit le 3* acte. Le quatrième et dernier acte s'est dénoué solcni utilement au prétoire de la justice, où étaient ac courus Marcilly et sa banlieue. Les deux prévenus y ont fait fort sotte et maussade figure, mais le mari s’v est montré grand et généreux. Après avoir de nouveau persisté dans sa plainte, il a fini pardonner un dernier désistement et par déclarer qu’il repren drait sa femme. Mais ce n’était pas là le dernier dénouement. Il ne sera pas dit que la femme rentrera impertinente b Marcilly, et que le complice y reviendra tète levée ! y faire, gorges-chaudes de son aventure. L’affaire d’adultère éteinte par le pardon du mari, il restait l’allaire en outrage à la morale publique, énergique ment soutenue par M. le procureur impérial. Sur ce chef, les deux prévenus ont été condamnés : l’homme en 6 mois de prison et 1UU fr. d’amende, la femme en 3 mois et 16 francs. A. C"....
À propos
Fondé en 1833 sous le nom Journal du commerce de l’arrondissement de Meaux, cet hebdomadaire républicain et conservateur devient le Journal de Meaux après seize numéros. Il prend finalement le nom de Journal de Seine-et-Marne en 1838 avant de disparaître cent ans plus tard, en 1939.
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