Extrait du journal
— Il y a peu de temps qu’une ancienne domestique , trèsdévôte , demeurant, elle troisième, dans une maison de la rue Notre-Dame, fût l’objet d’une visite qui ressemblait un peu à celle que reçut la mère Pandour, et dont nous avons rendu compte dans notre N° 3. Une belle Dame , en manteau , vint frapper à sa porte, et comme elle était absente , sa voisine d’à côté la reçut en son lieu et place. Le colloque suivant s’établit entre elles : n’est-ce pas là, madame, que demeure une ancienne domestique, mademoiselle — Oui , madame, que lui voulez-vous ? ^ Je suis dame de charité et je viens lui apporter ces 10 francs, que je vous prie de lui remettre. —Bien madame. —Et puis voilà 5 francs pour vous. — Je vous remercie, madame, quand à moi je n’en ai pas besoin, je fais même l’aumône quelquefois. — Ab! vous faites l’aumône, hé bien ! ce sera pour vos pauvres Alors je le veux bien Tenez voilà encore 10 francs, vous les leur donnerez aussi! — Je vous remercie madame.—N’auriez-vous pas de vieilles chemises? je vous donnerai en échange de la bonne toile d’Hollande qui vient de m’arriver par la diligence, et ces chemises seraient pour les pauvres qui en ont un grand besoin.—Mais, madame, je ne puis les changer comme ça.— Craindriez-vous donc quelque chose? nous ne sommes que femmes et entre nous vous n’avez rien à craindre : allons pas de façons, montrez-les moi. — Mais la voisine tint bon et ne voulut point ouvrir son armoire. La dame de charité fût donc obligée de battre eu retraite; elle s’en alla dans l'église où elle donna encore une quinzaine de francs. Tout celà parut fort étrange : aussi quant l’ancienne domestique revint chez elle, la voisine lui en fit un récit capable d'épouvanter toutes les meilleures têtes du pays. Depuis lors la bonne vieille se barricada et n’ouvrit plus pendant la nuit. Cette semaine deux daines de cette ville, fort bien connues, eurent besoin de voir les personnes qui occu pent le second de sa maison, et s’en vinrent frapper à sa porte ;...
À propos
Fondé en 1833 sous le nom Journal du commerce de l’arrondissement de Meaux, cet hebdomadaire républicain et conservateur devient le Journal de Meaux après seize numéros. Il prend finalement le nom de Journal de Seine-et-Marne en 1838 avant de disparaître cent ans plus tard, en 1939.
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