Extrait du journal

POLICE CORRECTIONNELLE. CANARDS. Les vicissitudes auxquelles est sujette la vie humaine ont amené, il y a quelque temps, un réveil bien cruel pour Mme B Eu allant, soin cher à son cœur et premier acte de sa journée, donner comme une seconde providence la pâture à ses lapins, elle trouva le clapier vide ; et puis encore la basse-cour veuve de ses canards, un des orgueils de la bonne dame. U faut juger si les échos d’alentour retentirent de ses doléances ! elle coûta ses douleurs haute ment et successivement à toutes ses voisines, mais vaincs clameurs, les voisines ne pouvaient que partager son indignation, impuissantes à la venger ; aussi, inspiration ou conseil, elle alla trouver Monsieur le Brigadier de Chelles. Elle raconte ainsi à l’audience son entrevue, le tout avec chaleur et gestes démonstratifs : — Je ne me connaissais plus, quoi, j’étais... j’étais j’étais saisie! — Qu’avez-vous, Madame ? qu’il me dit. — Ah ! Seigneur ! Ah mon Dieu ! que je dis. — Allons remettez-vous, qu’il me dit. — Voui, Monsieur le brigadier. — Eli bien, qu’y a-t-il ? — Y a qu’il n’y a plus de lapins, on me les a volés. — Combien ? — Y en avait vingt-quatre, je n'en ai plus trouvé qu’un petit. Pauvre innocent merveilleusement échappé au ! massacre de tous les siens. — Mais c’est pas tout ! et mes canards ! | — Des canards aussi ? — Voui, un mâle et huit fumcllcs....