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Journal de Seine-et-Marne, 26 septembre 1857

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Journal de Seine-et-Marne
26 septembre 1857


Extrait du journal

POLICE CORRECTIONNELLE. lue Femme sccourablc. Je ne sais pas si les ouvriers Anglais font le lundi en Angleterre, mais il paraît qu'ils le fout quelquefois eu France. Le lundi, sept de ce mois, nn des ouvriers Anglais employés aux travaux que M. de Rothschild fait faire à son domaine de Ferrières, un John ou James quelconque, se livra à je ne sais quel désordre étant ivre, et la gen darmerie le mil parfaitement bien au violon. Un ivrogne au violon, ordinairement après quelques vociférai ions s’endort, cuve son vin ou son eaude-vie, et se réveille le lendemain sans trop se tou venir de la veille et prêt à recommencer ; mais l’Anglais notait pas encore assez ivre pour s’en dormir, i! s’ennuyait. Le violon de Ferrières, ne paraît être autre que le corps de garde, alternativeinent destiné suivant les cas, à abriter ceux qui mettent l’ordre, ou à renfermer ceux qui le troublent ; il n’était pas privé de toute commu nication visuelle avec le dehors. Donc, notre homme voyant passer une femme, la veuve Enard, parvint, je ne dirai pas à la séduire, les nombreux hivers de la daine s’y opposent, mais à l’apitoyer. Un effet les doléances d’un ivrogne devaient aller au cœur de ladite, l'ivresse ça la con naît, elle en use, et largement. Aussi l’Anglais n’eutil pas de peine à obtenir d’elle quelle lui passât du vin pour charmer ses loisirs*, des allumettes chimiques âtin qu’il pût fumer et revoir sans doute sa Vieille Angleterre à travers les nuages capri cieux du narcotique de la régie ; et enfin de la paille pour adoucir la rude surface du lit de camp. Mais qu’arriva-t il ? C’est que l’Anglais s’a cheva, c’est-à-dire acheva de perdre le très-peu de raison qui lui restait, et que ses allumettes mirent on ne sait comment le feu à la paille. Heureusement le garde champêtre vint à passer par là. il aperçut la fumée qui sortait du corps de garde, il accourut et se hâta d'ouvrir la porte. Il était temps, ma foi, l’Anglais flambait déjà : le garde l’éteignit, non sans être atteint lui-même de quelques brûlures. Quant à celles du prisonnier elles étaient graves, il en est encore à l'heure qu’il est, malade à l’hospice de Lagny. Jusque-là, le fait de la dame n’avait rien de bien profondément criminel, mais elle est violente de I son naturel à ce qu’il paraît, et ne supporte pas facilement les réprimandes. L’autorité locale s’étant permis de lui en adresser au sujet de l’accident dont elle avait été la cause indirecte, Madame prit feu, non pas comme l’Anglais, mais à la manière du leu père Duchêne. Au reste, elle n’y va pas par quatre chemins pour dire ce qu’elle a sur le cœur. Elle a invectivé M. le maire en présence du garde champêtre, en présence du public, en présence des gendarmes, elle l’in vective encore en présence du tribunal dont elle 1 est ail reste une vieille connaissance. Elle a déjà I subi trois ou quatre condamnations, pour coups, outrages, bris de clôture ! ivre toujours. Elle n’est pas de celles qui ont le vin tendre, celle-là ! 1,'année dernière elle a fait six mois de prison, elle en fera deux, celte fois, une misèic, histoire de s’entretenir et de faire connaissance avec la prison neuve. A, O....

À propos

Fondé en 1833 sous le nom Journal du commerce de l’arrondissement de Meaux, cet hebdomadaire républicain et conservateur devient le Journal de Meaux après seize numéros. Il prend finalement le nom de Journal de Seine-et-Marne en 1838 avant de disparaître cent ans plus tard, en 1939.

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