Extrait du journal

NOUVEL AN. — i836. Encore un rêve qui s’achève.... encore un rêve qui commence. C’est ainsi, mes bons amis, qu’ils se succèdent, sans interruption, dans ce long sommeil, dans cette grande illusion que l’on appelle la vie. C’est ainsi qu’une année succède à l’autre et l’efface sans retour , comme un songe de la nuit ! Pauvres pèlerins, nous marchons tous, d’un pas égal, vers le but de notre voyage.... vers une tombe, — Mais ce lieu de repos n’est pas pour tous placé à égale distance du point de départ : le désert en est échelonné. Le plus heureux , peut-être, est celui dont le terme est marqué au début de la carrière. Nous allons effeuillant nos jours , comme les fleurs d’un bou quet énigmatique. Chaque fleur qui tombe, se dessine nettement, le reste du bouquet est pour nous lettre close. Combien de fleurs contient-il encore, quelles sont-elles?.... Heureux ou sinistres emblèmes?.... nos yeux fascinés n’y voient que ce mot : avenir ! — Dieu l’a voulu ains,, pour le repos des hommes. O mes amis, quelles transes! quel désespoir ! quel délire ! s’il nous était per mis de distinguer toutes ces fleurs ; si les voyant tomber succes sivement , flétries par un soufle fatal, nous les décomptions une à une, calculant dans une horrible anxiété le nombre qui nous en...