Extrait du journal

nord. Suivant nous, c'estle véritable exposé des motifs de la loi d'amnistie que l'Espagne constitutionnelle, délivrée de la guerre civile, doit s'empresser d'accorder aux anciens parti sans de D. Carlos. Les ministres de la Reine régente ne sau raient , quelque bonnes que soient leurs Intentions, ni mieux penser ni mieux écrire : « Nous nous sommes appesantis sur cette législation, dit 1 » M. Rosseuv Saint-Hilaire, parce que là, suivant nous, est ; » l'Espagne tout entière ; parce qu'on y trouve, mieux que » dans bien des livres, la clef du caractère, espagnol, indé j. » chiffrable composé des intérêts et des habitudes les plus » contraires : l'énergique sentiment du droit à côté d'une » passive résignation au privilège sanctionné par la loi ; les » habitudes d'égalité presque républicaine et la farouche » indépendance des montagnards, mêlés àun culte enthou » siaste pour la royauté et à la soumission fataliste de l'A » rabe aux décrets de ce roi qui représente Dieu sur la » terre ; la conscience la plus haute de la dignité de l'homme, » dans ces siècles où l'homme qui n'était pas noble était à » peine compté pour quelque chose; le culte de tous les » sentimens vrais, l'amour de la famille, du sol natal, de » la vie stable et réglée du laboureur, à côté de la vie aven » tureuse et errante du soldat, et de cet insouciant mépris » de la mort qui caractérise l'homme sans famille ,et sans » patrie. L'Espagnol, en effet, est, comme sa législation , » un composé de contrastes , et ne s'explique tout entier » que par ses lois et par son histoire. »' Mais l'histoire des Espagnols est loin d'être finie. M. Uosseuw Saint-Hilaire, en nous promettant la suite de son beau travail, a contracté une sérieuse dette envers le public. Nous lui promettons, à notre tour, notre exactitude et notre concours à chaque échéance. M. Filon , auteur de l'Histoire de l'Europe au seizième siècle, est, comme M. Rosseuw Saint-Hilaire, un de ces jeunes professeurs de l'Université qui complètent, par des travaux utiles et de savantes recherches dont! le monde profite, la mission qu'ils ont reçue d'élever la jeunesse dans nos écoles. L'Histoire du seizième siècle n'est pas une compilation. C'est un ouvrage dont l'auteur a trouvé les matériaux partout et le plan dans sa tête. C'est un travail d'érudition, mais où la forme et le style sont comptés pour quelque chose ; et bien que l'auteur ait beaucoup moins sacrifié à l'agrément de ses lecteurs que ne l'a fait le spiri tuel et brillant historien de l'Espagne , son livre n'en pré sente pas moins , le sujet à part, un intérêt de lecture sou tenu. Le style dé M. Filon manque d'éclat et de mouvement; mais sa phrase est ferme, précise, d'une netteté remar quable. Ce n'est plus la richesse des images et la vivacité...