Extrait du journal

dre? La difficulté, sans doute, n'est pas grande quand il s'agit de polémique en tre jpurnaux ; le système de la prétérition offre même souvent de grands avantages à des adversaires de" mauvaise foi ; et la Patrie, qui ne cite jamais rien des arti cles qu'elle réfute, faisait hier, à ce point de vue , la théorie naïve du silence. Rien, au contraire, de plus difficile, pour ne pas dire de plus impossible, s'il s'agit de prendre corps à corps et de combattre utilement une Société qu'on croit dange reuse, que de taire soigneusement toute pièce où les doctrines de cette Société sont exprimées, et ses mots d'ordre consignés. Voilà pourtant la situation que la loi a faite à la presse conservatrice ; la Gazette de France en gémit, et cela se comprend. Il est cer tain que lorsque ses amis ont fait cette loi, ils ne pensaient pas que les dispositions qui s'appliquent à la presse atteindraient en premier lieu la Gazette de France. Ils pensaient sans doute au Rappel ou au Cor saire. Ils ont frappé avec autant d'ardeur que d'imprévoyance, et leurs coups sont tombés sur le dos vénérable d'une feuille amie. On ne s'avise jamais de tout ; mais voilà, en matière de législation, ce qui arrive fatale ment quand on improvise des lois, pour ainsi dire, d'occasion, sous l'inspiration dune crainte aveugle ou de l'intérêt personnel plutôt que de la sagesse. On fait en 1850 la loi du 31 mai pour rétablir la royauté et l'on recueille le 2 décembre et l'empire. On s'applique à décentraliser, on fait la loi des maires en 1871, on soustrait tant qu'on peut à l'action du pouvoir le département et la commune où l'on se croit assuré de l'influence et de la majorité, et l'on appelle à la vie politique des influences nouvelles avec lesquelles il faut compter. On fait la loi du 14 mars sur l'lnternationale, et c'est la Gazette de France qui va en prison. Louis RATISBONNE....