Extrait du journal

Que notre héros n'eut pas peur; je n ose rais l'assurer ; mais à la vue_ d'une coupe d'or placée devant le dragoû, il oublia tout. Sans songer au péril, il se jeta, comme un fou, dans cette mêlée de serpens, plus nom- , breux, plus serrés que les épis dans un champ ; il courut à la coupe," la saisit, la vida d'un seul trait et la lança au loin. Puis, sentant qu'il ne pouvait échapper à ses ennemis, il croisa les bras et attendit la mort. . Mais, à sa grande joie, le dragon se pré cipita sur la coupe pour l'emporter en fuyant, et toute l'armée des serpens suivit son chef en poussant des sifflemens affreux. Adolphe se trouva seul dans la forêt, tout retomba dans le silence. Les batte mens de son cœur n'étaient pas encore apaisés, qu'il entendit les premiers accords du rossignol. L'oiseau ne l'avait pas trompé, i les fées approchaient. ] V. La lune se leva, éclairant le bois de sa blanche clarté ; notre héros regarda autour de lui. Le marais était devenu une clairière tapissée de mousse ; il y avait des feuilles aux arbres, et de toutes parts, comme au printemps, fleurissait la violette. Dans le lointain, Adolphe entrevit des formes légè res qui passaient au travers de la forêt; on eût dit des sylphes qui giflaient sur le gazon. Plus de doute, c'étaient les fées de la nuit; Adolphe se cacha derrière un vieux chêne, pour ne point les effrayer. Qu'elles étaient belles! Vêtues d'une draperie blanche, attachée à l'épaule, les cheveux noués négligemment par derrière...