Extrait du journal

PARIS , 50 AVRIL. Nous sommes bien embarrassés. On nous a tant ac cusés d'empêcher, par nos commentaires insidieux, la formation du ministère de coalition et du ministère ] centre-gauche, que nous hésitons à parler même de ce qui s'est passé à la Chambre des Députés, même de ce qui s'est dit à la tribune et de ce qui sera répété par les mille échos de la presse. Si le centre gauche peut encore prendre le pouvoir, loin de nous y opposer, nous vou drions que la Chambre n'eût pas entendu ce qu'elle a entendu aujourd'hui, n'eût pas vu ce qu'elle a vu, le démembrement du centre gauche venant après le dé membrement de tant d'autres partis. M. Dufaure a bien pressenti, en effet, la pensée du public et de la Chambre, quand il a cherché à repousser le reproche d'incapacité et d'impuissance qu'on ferait au centre gauche. Oui, ce qu'on se demande aujourd'hui, c'est si ce parti, puissant pour critiquer, est impuissant pour agir, et s'il ne peut que défaire des ministères, sans jamais en pouvoir faire un. Voilà l'idée qui préoccupe tout le monde et que ne détruira pas le spectacle de la séance d'aujourd'hui. La Chambre n'était convoquée que pour tirer au sort la grande députation ; mais il est naturel et convenable que, dans un moment de crise et d'inquiétude publiques, la Chambre saisisse toutes les occasions qui se présen tent de savoir à quoi s'en tenir sur les causes de cet éternel délai de gouvernement....