Extrait du journal

se contente d'envoyer des délégués chargés de porter la bonne parole en province; elle affecte de s'effacer, à Paris, derrière les Syndicats ou les groupements de Syndicats. Tout cola paraît relativement rassurant. Mais ce n'est certes pas une raison pour que l'autorité ne prenne pas ses précautions. Il y aura, sans aucun doute, de très grandes quantités d'ouvriers qui déserte ront le travail demain, suivant le mot d'ordre qui leur a été donné,pour manifester enfaveur de la journée de huit heures. A ces chômeurs volontaires se joindront, et ceux qui n'ont pas d'ouvrage en ce moment, par exemple les maçons qui n'ont pas voulu rentrer au chantier èn signant le nouveau règlement, et les hom mes qui sont toujours prêts à profiter de toute occa sion pour troubler l'ordre dans là rue. D'auti'e part, l'Union des Syndicats de la Seine, qui, sans se con fondre tout à fait avec la Confédération du Travail, en est très proche parente, vient do faire afficher de petits placards invitant ses adhérents à manifester sur la voie publique dans l'après-midi de demain, en leur indiquant d'avance les lieux de rendez-vous. On so réunirait à liuis clos dans la matinée ; puis, après le déjeuner, on organiserait des processions ou des attroupeipents aux Champs-Elysées et sur une partie des boulevards. Ce nouveau programme, qu'on n'a connu que.dans la journée, d'hier, a déjà l'air beau coup moins inoffensif que celui dont on avait parlé jusque-là. Il ne faut pas en concevoir une trop vive alarme ; mais on aurait tort de ne pas la prendre au sérieux. Le gouvernement a donc eu raison d'adopter les mesures préventives, dont nous rendons compte plus loin, et fera bien de donner des ordres pour que toute tentative de manifestation dans la rue soit énergiquement réprimée....