Extrait du journal

En ce moment le triomphe de l'un ou de l'autre parti semble presque indifférent ; car il est impossible de dire avec précision les points qui les séparent. Whigs et ra dicaux sont d'accord sur la question de l'esclavage; les uns et les autres, sachant qu'elle est brûlante, se gar deraient bien d'y toucher. Sur la question d'un tarif protecteur, tous les rangs sont confondus. M. Clay, le fils de l'ouest, le représentant spécial de cette partie de l'Union sur laquelle pèse le plus le tarif actuel, est le plus infatigable champion de la protection par les douanes. La Banque des Etats-Unis, elle-même, n'est plus un sujet de discorde. Elle a succombé sous ses propres excès, non moins que sous les coups insensés du général Jackson, et «n ne voit pas que les whigs, qui la défendaient il y a dix ans de tout leur pouvoir, alors qu'elle ne s'était signalée que par des services, aient aujourd'hui la ferme volonté de la relever de «es ruines: D'une extrémité à l'autre du pays, l'opinion est d'une extrême lassitude. On est unanime à sentir qu'on a fait de grandes fautes ; on le sent parce qu'on les ex pie durement. La majesté des lois a été violée ; les pas sions de la multitude ont soumis à leur joug avilissant une nationalité orgueilleuse. Les fortunes privées ont été saccagées, la trésorerie fédérale et les trésoreries d'Etats ont été mises à sec. Le drapeau national a été souillé, à la vue du monde entier, de l'opprobre de la banqueroute. Quels que soient les vainqueurs dans la lice électorale, l'administration nouvelle s'appliquera à adoucir les maux de la patrie. On ne négligera rien, il faut le croire , pour donner une satisfaction à tant d'in térêts compromis, pour procurer au pays un signe re présentatif qui lui manque, pour restaurer des institu tions de crédit moins aventureuses, et pour soustraire les Etats particuliers à l'ignominie de la banqueroute. Ces sentimens réparateurs sont généralement répandus dans l'Union ; il semblerait qu'on dût s'attendre à voir le nom de M. Clay sortir triomphant de l'urne. M. Clay est un homme d'affaires éminent. Il a fait ses preuves multipliées dans toutes les grandes questions d'affaires traitées par le Congrès depuis trente ans. Ses opinions...