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Journal des débats politiques et littéraires, 2 décembre 1920

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Journal des débats politiques et littéraires
2 décembre 1920


Extrait du journal

La Chambre s'est prononcée hier sur la reprise des relations diplomatiques avec le Vatican. Par 39? voix contre 209, elle a adopté le texte du projet de loi qui était soumis à ses délibérations. C'est là un vote politique de grande importance qui sera favorablement accueillie par l'opi nion et qui répond à la volonté nationale. Après une trop longue période où nous avons eu le tort d'être absents, nos inté rêts seront désormais représentés à Rome, à l'un des points de rencontre des idées du monde entier. La rapidité du vote et le chiffre con sidérable de là majorité montrent qu'il y a dans- la Chambre nouvelle le sagp dessein d'avoir une politique et de servir l'intérêt public. Après le discours de M. Colrat et après le discours du président du Conseil, le débat hier était terminé. La Chambre a eu le mérite de le comprendre, et de prolonger la séance jusqu'à ce qu'une conclusion soit intervenue. Rien ne lui aurait été plus facile que de faire traîner la discussion. Le sujet prêle à l'éloquence; il peut aisément émouvoir les passions." C'est précisément ce que la Chambre a voulu éviter. Les querelles qui jadis rem plissaient les séances et tenaient lieu de dessein semblent anachroniques. Le désir de servir les grandes idées natio nales anime cette Assemblée: il a été exprimé hier avec netteté par M. Paul de Cassagnac, qui ne cherche pas dans la politique des satisfactions de parti et qui ne veut pas plus de révolution d'extrême gauche que d'extrême droite ; il a été aussi attesté par le vote de bien des dé putés de la gauche qui,comme M. Puech, tiennent compte des événements et veulent eux aussi participer aux décisions nouvelles qui peuvent être utiles à l'in térêt public. \ M. Colrat, dans la première partie de son discours, avait montré que la loi ré- i tablissant la représentation diplomati que au Vatican n'était pas un désaveu de la législation républicaine. Hier il a montré, aux applaudissements de la Cham bre, qu'elle ne constituait pas une com plaisance à l'égard d'un parti. C'est une loi d'utilité nationale, qui n'implique nullement une politique extérieure diri gée dans un sens ou dans un autre, mais qui indique la volonté d'avoir pratique ment une politique religieuse, de se sou cier des intérêts de la France partout où il y en a, et de les favoriser en chaque occasion et en chaque lieu par des moyens appropriés.. Cette démonstration, faite avec clarté et avec vigueur, a porté sur la Chambre; l'orateur a lu au milieu d'un recueillement respectueux le testament d'un instituteur syndicaliste, mort à la bataille d'Arras, Albert Thierry, dont voici les paroles, qui résument tout une discussion : « L'Etat devra après la guerre prendre soin des églises comme de mo numents précieux à son cœur, et rétablir avec l'internationale catholique de Rome des relations qui n'auraient jamais dû être rompues. » M. le président du Conseil, lorsqu'il est mpnté à la tribune, n'avait plus qu'à ras sembler les raisons qui ont jadis décidé le gouvernement à déposer le projet de loi. C'est ce qu'il a fait en fort bons termes. Il a en particulier rappelé que les cultuelles n'avaient rien à voir avec la discussion en cours qu'il considère en tout cas comme suffisamment éclaircie par la négociation pour ne pas partager les hésitations dont M. Briaud s'est fait l'interprète. Il a ensuite très bien indiqué pourquoi il repoussait un amendement tendant à empêcher l'établissement d'une nonciature à Paris. Il faut, a dit M. le président du Conseil, que la quêstionsoit réglée ouvertement et en toute dignité. Et il a posé la question de confiance. La Chambre lui a donné tout de suite rai son. Son opinion était faite. Accomplis sant un acte politique, elle a voulu l'ac complir tout entier : le voled'hier luifait honneur ; nous avons toujours été de ceux qui ont considéré le l'établissement des relations diplomatiques avec le SaintSiège comme une mesure de patriotisme et d'intelligence politique ; nous sommes heureux que la Chambre, dans sa grande majorité et après un débat d'une belle tenue, l'ait publiquement approuvée....

À propos

Fondé en 1789 sous le titre Journal des débats et décrets, le Journal des débats politiques et littéraires retranscrit, dans un premier temps, la quasi intégralité des séances dispensées à l’Assemblée Nationale. Sous Napoléon, il change de nom pour devenir le Journal de l’Empire. Publié jusqu’à l’Occupation, le journal sera supprimé en 1944.

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