Extrait du journal
Les institutions parlementaires sont une machine singulièrement délicate, et dont plusieurs peuples de l'Europe ont grand peine à user sagement. Importée dans l'Extrême Orient, il semble qu'elle soit d'un maniement plus difficile encore et se détraque tout de suite : l'exemple du Japon le prouve sans doute surabon damment. Le premier Parlement de l'em pire avait dû être dissous, à la fin de 1891, pour cause d'incompatibilité d'humeur absolue entre la majorité et le gouverne ment ; le second a passé la plus grande par tie de sa première session, le printemps dernier, à s'escrimer contre les minis tres, et la session suivante, qui dure en ce moment, n'est pas . plus calme : les interpellations et les motions de défiance se succèdent les unes aux autres presque sans interruption et, pendant ce temps, le travail législatif ne se fait pas et les réfor mes, annoncées jadis à grand bruit, abou tissent moins que quand, dans les temps anciens, le mikado y procédait à coup de décrets. La cause de ces dissentiments entre les ministres et le Parlement est très simple. Quand le mikado a octroyé au pays une représentation nationale, il a cru devoir donner aux députés jies droits très étendus ; mais il ne lui a pas paru convenable d'a bandonner aucune de ses prérogatives : c'est ainsi qu'il s'est réservé, implicite ment à la vérité, un droit de veto sur les actes du Parlement et qu'il lui a refusé le pouvoir de renverser les ministères. Dans la joie où était le Japon de possé der enfin des députés à l'instar des pays occidentaux, il ne prit pas trop garde, au début, aux restrictions qu'avait mises le souverain à la puissance de la nouvelle As semblée; mais, à la première difficulté, il parut tout naturel aux députés de s'y prendre comme leurs collègues de Paris ou de Londres; les ministres ne s'en allant pas, malgré les votes de défiance accumu lés, la querelle s'aigrit, on repoussa toutes les demandes de crédits du gouvernement, et l'empereur fut acculé à une dissolution. Le deuxième Parlement se réunit à Tokio avec des prétentions identiques ; seulement, un nouveau grief s'était greffé sur ceux déjà nombreux du Parlement précédent : le ministère s'était livré dans tout le pays, durant la période électorale, à une incroyable pression pour faire passer les candidats officiels, et les députés d'Opposi tion, quiétaienten majorité, n'avaient pas de plus ardent désir que de se venger. On peut imaginer ce que fut, dans ces conditions, la première session ; aucune loi n'aboutit, pas même celle qui, achevant l'œuvre de la réforme administrative, devait mettre en vigueur le nouveau Code civil : ce Code fut renvoyé à correction aux mi nistres et son application ajournée à 1896. L'empereur sentit que la situation devenait grave, et, sans rien céder de ses privilèges, dè3 le lendemain de la séparation des...
À propos
Fondé en 1789 sous le titre Journal des débats et décrets, le Journal des débats politiques et littéraires retranscrit, dans un premier temps, la quasi intégralité des séances dispensées à l’Assemblée Nationale. Sous Napoléon, il change de nom pour devenir le Journal de l’Empire. Publié jusqu’à l’Occupation, le journal sera supprimé en 1944.
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