Extrait du journal

Un admirable visage de femme vient de fermer les yeux à la lumière; Mme JoséMaria de Heredia s'est endormie, comme on disait si justement autrefois, « dans la paix du Seigneur ». Sans lutte, sans effort, avec cette aisance de patricienne, cette noblesse innée qu'elle eut tout au long de sa vie, elle a franchi le redoutable pas sage; la mort intimidée, conquise, lui laissa sop sourire. Compagne du grand poète qu'elle avait épousé en 1867, conservant, comme lui, dans son regard, un reflet du ciel tropical sous lequel sa famille, d'origine nantaise, s'était jadis établie; aimant, comme lui, << l'île éclatante et lointaine », berceau de l'illustre auteur des Trophées, elle le suivit dans la bonne et la mauvaise fortune. Cou rageuse pendant les moments difficiles, elle sut rester adorablement simple quand la gloire, et quelle gloire! fut venue. Elle l'accueillit, heureuse pour son mari, pour ses enfants. Epouse accomplie, mère incomparable, rien n'existait que ces êtres chéris. Son cœur, le plus.pilr, le plus noble, le plus tendre, ne battit que pour le bon heur des siens. Royalement belle, elle reçut, avec sa bonne grâce jamais démentie, les homma ges des grands de la terre en songeant aux joies intimes -de son foyer; il émanait d'elle un rayonnement qui attirait, subju-...