Extrait du journal
Voici le texte du discours radiodiffusé prononcé cet après-midi, a 17 h. 30, par le maréchal Pétain : Mes amis, J'ai tenu à passer au milieu de vous cette journée du 1" mai, la première depuis l'armistice afin de bien marquer le sens et l'impor tance que j'attache à l'idée du travail autour de laquelle doit s'opé rer, selon moi, la réconciliation de tous les Français. Le ler1er mai a été jusqu'ici un symbole de division et de haine. Il sera désormais un symbole d'union et d'amitié parce qu'il sera la fête du travail et des travailleurs. Le travail est le moyen le plus noble et le Plus di gne que nous ayons de devenir maîtres de notre sort. Un homme qui sait accomplir une tâche avec courage et expérience représente toujours une valeur pour ses semblables. La plus saine fierté que l'on puisse éprouver est de se sentir utile par un travail bien fait. Aucun privilège de rang ou de fortune ne donne à quelqu'un autant de confiance dans la vie et de bienveillance à l'égard d'autrui. Le travail répond à cette loi sévère de la nature que rien ne s'obtient sans effort. Cette loi du travail a été marquée par une for mule de malédiction : « Tu mangeras ton pain à la sueur de ton front ». C>st donc à tort qu'on a fait luire à vos yeux le mirage d'une cite future où il n'y aurait Plus de place que pour le plaisir et pour le loisir Mais si le travail est pour l'homme un fardeau, il est aussi un bienfait ; il est en effet une condition de la bonne santé morale et pnysique, de l'équilibre et du développement des facultés humaines. C'est une erreur de croire que l'on puisse conserver intacts ces dons ou ces facultés dans l'oisiveté. Nous ne développons nos capacités et n'augmentons nos forces que par l'exercice que nous leur donnons. La mênw expérience vaut pour les nations et pour les individus. Une grande nation ne se fait pas Par un privilège ou une faveur de la chance : elle s» fait par le travail continu de tous ses enfants, de génération en génération. Un chef d'industrie, un patron, pour mériter le commandement dont il est investi, doit se considérer comme ayant charge d'existences et même, en un certain sens, charge d'âmes ; il doit avoir le souci majeur de la dignité, du bien-être, de la santé, du moral de ses colla borateurs et de leurs familles. Il doit même faire un pas de plus et, respectant la liberté de ses ouvriers, ne pas vouloir à toute force leur bien tel qu'il le conçoit, lui, mais tel qu'ils le conçoivent, eux. Qu« veulent-ils donc au juste, les ouvriers, lorsque, délivrés de ,eurs mauvais bergers, ils s'interrogent dans l'honnêteté de leur conscience et dans la sincérité de leur cœur ? Ils veulent d'abord : S'évader de l'anonymat où ils ont été jusqu'ici trop souvent con finés ; ne pas vendre leur travail comme une marchandise, ne pas être traités comme des machines mais comme des êtres vivants, pensants, souffrants, avoir avec leurs chefs des relations d'homme à homme. Ils veulent ensuite échapper à l'incertitude du lendemain, être protégés contre les aléas du chômage, trouver dans leur métier une sécurité, ou pou- mieux dire, une propriété, avoir la possibilité d'y avancer jusqu'à la limite de leurs aptitudes. Us veulent, en outre, participer dans une mesure raisonnable aux progrès de l'entreprise à laquelle ils sont associés, avoir une sauvegarde efficace contre la misère qui les guette lorsque survient la maladie ou lorsqu'arrive la vieillesse; pouvoir élever leurs enfants et les mettre en état, selon leurs capacités, de gagner honorablement leur vie. • Toute- ces aspirations sont légitimes et, dans l'ordre nouveau que nous préparons, elles devront être satisfaites. Elles pourront l'être sans grever les prix de revient d'une charge trop lourde pour peu que l'esprit de collaboration porte son fruit naturel sous la for me d'un accroissement de la production en quantité et en qualité. Cet ordre, nouveau, en quoi consiste-t-il ? Abandonnant tout ensemble le principe de l'individu isolé en tace d- l'Eta et la pratique des coalitions ouvrières et Patronales dressées les unes contre les autres, il institue des groupements com prenant tous le ; membres d'un même métier : patrons, techniciens, ouvriers. Le centre du groupement n'est donc plus la classe sociale, paronale ou ouvrière, mais l'intérêt commun de tous ceux qui parti cipent à une même entreprise. Le bon sens indique, en effet lors qu'il n'est pas obscurci par la passion ou par la chimère que l'in térêt primordial, essentiel, des membres d'un même métier, c'est la prospérité réelle de ce métier. Le- artisa: ont été les premiers à comprendre cette grande vérité et à la mettre en pratique. Il existe déjà parmi eux de nom breux essais de pré-corporation qui n'attendent que la consécration légale pour devenir des corporations véritables. Moin» répandue dans les milieux industriels, l'idée y a fait pour tant depuis quelques années, des progrès sensibles. Partout où elle s'est introduit , elle a eu les effets les plus heureux. L'expérience a n.ontfé partout où des hommes de bonne foi, même issus de mi lieux sociaux très divers, se rencontrent pour une explication loyale, les malentendus se dissipent pour faire place à la compréhension, puis à l'estime, puis à l'amitié. Lorsqve dar- chaque entreprise ou dans chaque groupe d'en treprises, patrons, techniciens, ouvriers, auront pris l'habitude de se réunir pour gérer en commun les intérêts de leur profession, pour administrer en commun leurs œuvres sociales : apprentissage, pla cement qualification, allocations familiales, secours de maladie, re traites, logements ou jardins ouvriers, il ne tardera pas à se créer tntre eux une solidarité d'intérêts et une fraternité de sentiments indestructible Dès lors, l'union de la nation ne sera plus une formule trop sou vent trompeuse mais une réalité bienfaisante. L'ordre social nou veau, tenant compte de la réalité économique et de la réalité humaine, permettr: à tous de donner leur effort maximum dans la dignité, la sécurité et la justice. Patrons, techniciens et ouvriers, dans l'indus trie comme dans l'artisanat, formeront des équipes étroitement unies au! louer >nt pour la gagner ensemble la même partie et la France, sur le Plan du travail comme sur tous les autres, retrouvera l'équi libre «t l'harmonie qui lui permettront de bâter l'heure de son relè vement....
À propos
Fondé en 1789 sous le titre Journal des débats et décrets, le Journal des débats politiques et littéraires retranscrit, dans un premier temps, la quasi intégralité des séances dispensées à l’Assemblée Nationale. Sous Napoléon, il change de nom pour devenir le Journal de l’Empire. Publié jusqu’à l’Occupation, le journal sera supprimé en 1944.
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