Extrait du journal

Ces qualités de diseur, nous les avions déjà goûtées dans d'autres conférences, dansée joli cours sur Molière que M. Don nay professa l'an dernier. Il nous a montré cette fois dés grâces toutes nouvelles il a été ému et émouvant. Il adore Musset; il parle de lui avec tendresse. C'était l'écri vain dramatique qu'il étudiait dans sa der .nière leçon. Il a trouvé, pour dire son admiration, des formules enthousiastes : « L'amour est tout seul dans le théâtre de Musset ; il est le seul principe de l'univers, la force puissante qui fait que tous lés êtres sont attirés les uns vers les autres, le plus ancien des dieux; mais on se rappelle parfois que ce dieu tout enfant, caché par sa mère dans les bois, a tété le lait des bêtes féroces... Pour exprimer leurs sentiments, les amants ont un lan gage -merveilleux. Je ne, crois pas qu'il y ait dans la langue française une prose d'une qualité semblable. Certaines phrases sont frappées-de telle sorte qu'on les retient par cœur comme les vers les plus doux. Pour définir le charme de cette prose, ne faut-il pas prendre les expressions de Musset lui-même : « Quelque chose de doux comme le vent d'Ouest, de pâle comme les rayons de la lune... » Et, en outre,' dans ce théâtre, comme il y a toutes les nuances et toutes les couleurs de l'amour, il y a toutes les nuances et toutes les couleurs de l'esprit. Surtout, dans cet esprit, il y a de la fantaisie; l'ésprit avec ses pieds légers court les rues, mais il ne court que les rues; la fantaisie, elle, court le ciel, elle a des ailes. » Ce mélange de fantaisie et d'amour, de blague et de mélancolie, cette sensibilité qui se.dérobe et se raille, ne les trouve-t-on...