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Journal des débats politiques et littéraires, 3 décembre 1848

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Journal des débats politiques et littéraires
3 décembre 1848


Extrait du journal

Un conflit, dont nous sommes bien loin de vou loir exagérer l'importance, vient de s'élever entre la garde nationale de Paris et le préfet de la Seine. Des associations fraternelles (c'est le nom qu'elles se donnent) se sont formées dans plusieurs compagnies ; ces associations se multiplient tous les joUrs , et il est probable que bientôt chaque com pagnie aura la sienne. Sur le but et l'esprit de ces associations, il ne peut exister l'ombre d'un dissen timent. Il n'y a qu'une voix pour applaudir à l'in tention excellente, au sentiment généreux qui porte les citoyens à s'unir pour se prêter une assistance mutuelle et pour supporter en commun les cruelles épreuves qui leur sont imposées par les circon stances. Une pareille intention n'a pas besoin d'apo logie ; elle a droit de compter sur toute la sympa thie de l'opinion publique. Cependant l'intention n'est pas la seule chose à considérer, même en pareille matière. Le senti ment le plus honorable ne dispense pas d'examiner si le chemin qu'il prend pour faire le bien est le meilleur et le plus droit qu'il pût choisir. L'excès de zèle est à craindre en toute chose, et le mieux est souvent l'ennemi du bien. Le bien se fera t-il aussi bien par ces associations nouvelles qu'il se fait aujourd'hui par les autorités spécialement établies pour cela ? Les bureaux de bienfaisance institués dans chaque mairie ne souffriront-ils pas de la concurrence que leur feront les sociétés fra ternelles ? Les dons recueillis par ces sociétés ne diminueront-ils pas la source des offrandes qui se font aux bureaux de charité? Ne peut-il pas en ré sulter des abus, des doubles emplois, toujours fâcheux pour la bonne répartition des secours pu blics? Le dévouement pourra-t-if remplacer, en pareil cas, l'expérience, le discernement et toutes les garanties que présente le contrôle de l'autorité municipale? Eh parlant ainsi, ce ne sont pas seulement nos craintes que nous énonçons, ce sont celles que vient d'exprimer officiellement le préfet de la Seine dans un avis que nous avons publié. Nous ne méconnaissons pas ce qu'il y a de sérieux dans ces objections, et nous croyons qu'il faut en tenir un grand compte. Mais nous ne pouvons les ad mettre dans ce qu'elles ont d'exclusif et d'absolu. Parce que les associations mutuelles de la garde nationale ont des inconvéniens, ce n'est pas une raison pouf les proscrire en principe. Loin de là, nous voyons dans cet élan de la charité privée un ressort puissant qu'une administration sage ne doit pas négliger, et qu'elle peut s'approprier avec avantage, en tâchant de le perfectionner, au lieu de le briser. Les associations fraternelles ne peuvent-elles vivre et fonctionner réguliè rement à côté des bureaux de bienfaisance? N'y a-t-il aucun moyen d'associer ces deux forces, de les coordonner et de les faire concourir au même but? La question est neuve et difficile. Ce n'est pas à nous qu'il appartient de la résoudre ; mais elle est une de celles que nous signalons en première ligne à l'attention de l'Assemblée Natio nale, au moment où elle va s'occuper du projet de loi sur l'organisation de l'assistance. Une seconde observation à faire, c'est que les associations dont il s'agit ne sont pas toutes con stituées sur les mêmes bases 5 elles ne présentent pas toutes les inconvéniens signalés par le préfet de la Seine. Il y en a qui, par leur constitution, nous paraissent à l'abri de la critique officielle. Nous pouvons citer pour exemple l'association fon dée dans la 4e compagnie, du 4e bataillon de la 10e légion. Nous avons sous* les yeux le programme de cette société; en voici les dispositions tex tuelles : « Art. 1". Les gardes nationaux de la 4* compagnie du 4' bataillon de la 10'- légion promettent de se prê ter mutuellement aide et assistance dsns les situations...

À propos

Fondé en 1789 sous le titre Journal des débats et décrets, le Journal des débats politiques et littéraires retranscrit, dans un premier temps, la quasi intégralité des séances dispensées à l’Assemblée Nationale. Sous Napoléon, il change de nom pour devenir le Journal de l’Empire. Publié jusqu’à l’Occupation, le journal sera supprimé en 1944.

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