Extrait du journal

Le prince impérial d'Allemagne touche au terme de son voyage en Espagne, et on annonce qu'il partira à la fin de la semaine de Valence ou de Barcelone pour Gênes, malgré le souvenir désagréable qu'il avait gardé de sa première traversée. Il se sera sans doute dit que les flots sont changeans comme les destins et qu'il aurait peut-être un meilleur tëmps. Il aurait pu sans incon vénient passer par la France; d'abord parce qu'il pouvait le faire d'une manière toute privée, ensuite parce qu'on n'aurait pas trouvé de Français assez dénués d'orgueil et d'esprit pour déshonorer de tragiques souvenirs par de honteux sifflets. Autant qu'on peut en juger à distance, l'effet produit sur la nation espagnole par la visite du prince allemand a été circon scrit surtout dans le cercle de la cour et du personnel militaire. Le peuple propre ment dit ne s'en est guère douté, et le monde politique s'est tenu un peu à l'é cart. La masse du pays ne se laisse pas facilement pénétrer ni entamer, et elle s'inquiète généralement peu de ce qui se passe au dehors. La politique extérieure lui est indifférente, et c'est à peine si elle s'intéresse à la politique intérieure. Nous ne croyons donc pas que la visite du prince allemand puisse laisser une trace bien sensible dans un pays qui aime par dessus tout què les étrangers ne se mêlent pas de ses affaires.Au milieu des fêtes nécessitée» Par es circonstances, le jeune roi d'EspagnC a paru préoccupé surtout de ses propres affaires et delà situation intérieure de son royaume/C'est ainsi qu'à propos de l'in auguration d'une institution universitaire, il a jugé à propos de déclarer que, si la paix intérieure venait à être menacée, et s'il fallait recourir aux moyens extrêmes, on le trouverait prêt à remplir son devoir. Cette déclaration a comblé de joie le parti réactionnaire, mais à quel propos venait elle? C'est le parti libéral qui est au pou voir, et il dépend du roi, qui l'y a appelé, de lui laisser les moyens de gouverner. Si nous allions chercher à Berlin des informations sur la politique de Madrid, nous apprendrions par la Gazette natio nale que la mission du maréchal Serrano à Paris doit se borner à la présentation de ses lettres de créance; que le mi nistère espagnol actuel va disparaître devant le premier vote des Cortès ;*que le roi rappellera alors M. Canovas ou M. Sagasta; mais que dans aucun de...