Extrait du journal

marquée, et le comte do Villeneuve s'endormit de l'éternel sommeil le 12 octobre, à minuit. » A cette nouvelle, notre cité fut dans le deuil: tous les âges, toutes les conditions se réunirent dans un même sentiment de dou leur. Du.Bourse fut déserte, les spectacles spontanément fermés, et lorsque le moment fut venu de rendre les derniers honneurs à ses restes mortels , on put se convaincre de tout ce qu'il y avait de vrai clans la manifestation de nos regrets. Une foule considérable remplit, triste et silencieuse, la cour de la Préfecture. Plusieurs milliers de citoyens prirent place au convoi, formèrent un cortège immense, sans trouble, ni confusion, parce qu'il y avait une pieuse harmonie, Un saint recueillement dans cet empressement unanime , dans cette affliction commune. » Eiait-cs seulement le favori du pouvoir que l'on honorait ainsi ? Voulait-on ne rendre cet éclatant hommage qu'aux dignités sociales? Qu'on ne s'y trompe pas; cet hommage public n'était rendu qu'aux qualités morales de l'excellent préfet., car peu d'hommes eurent une vie plus remplie de bonnes actions et de travaux utiles, eurent plus de titres que lui a l'estime et n la recsnnaissance de leurs conci toyens. Nous oublions bientôt les morts, s'ils n'ont eu pour eux que la puissance. » pi l'antiquité d'une race illustre qui se lie aux glorieuses annales de notre patrie pouvait enfler le cœur, il eût été certainement permis au comte de Villeneuve d'être fier de son origine. Eh bien! avec tant de motifs d'orgueil, notre bon préfet eut Une'simplicité admirable; jamais il ne manifcsta le désir de faire sentir sa supériorité; il fut sans morgue aristocratique. Tel il étiit dans sa vie privée, tel dans sa vie politique; toujours doux et affable, toujours ennemi de la vio lence et de l'arbitraire; il ne fut étranger a aucun détail de son ad ministration paternelle; il sut tout appprolbndir, tout voir par lui même. Il faut lui tenir compte des circonstances difficiles où il s'est trouvé! Chose rare et remarquable ! toutes les opinions politiques lui rendent justice; tous les partis ont voué un culte pieux à sa mé moire honorée, i'cndtré de ses devoirs, il se borna h administrer avec sagesse, .avec modération , sans se précipiter en aveugle dans l'arène où les passions s'agitent; il ne montra jamais une haine ridi cule pour la liberté de la presse, qui exprime l'opinion , mais qui ne la fait pas; pour cette presse indépendante, sécurité des bons et terreur des pervers, égide protectrice qui saura bien résister aux coupables efforts de quelques insensés. » M. de Villeneuve cultiva les lettres et les sciences; il trouva dans l'étude ses plus doux délassemens, et les divers ouvrages qu'il a publiés témoignent de ses connaissances aussi variées qu'étendues. Le bon goût , l'esprit des convenances présidaient à ses discours aca démiques , et ne l'abandonnaient point dans la composition de ses actes administratifs. Il est un bel ouvrage, fait sorts ses auspices, qui restera comme un monument; c'est la Statistique des Bouches du'Rliâne, a laquelle a travaillé avec zèle un de nos confrères dont le talent est relevé par la modestie. » M. Augustin Fabre a ensuite parlé des grands services rendus par M. de Villeneuve à son département; de toutes les améliora tions, de tous les monumens et de .tous les objets d'utilité pu blique qui ont signalé son administration....