Extrait du journal

On a rendu hier, dans le temps consacré par la coutume, un hommage solennel aux morts. Ou'il est différent des autres, de ceux de jadis, ce jour de commémoration! Il est rempli d'ombres plus proches. Tous ceux avec qui nous sommes entrés dans la grande guerre pour défendre ce qui fait la dignité de la vie restent liés à nous par une chaîne plus forte que celle de la vie même tombés sous la mitraille, enfouis sous la terre sanglante, les membres dis persés, ils demeurent dans nos rangs jusqu'à la fin de l'effort libérateur. La tâche n'est pas achevée. Plus que tous les autres trépassés, semble-t-il, ils sont au courant de nos soucis, il les partagent encore ; notre pensée et la leur se conti nuent si bien qu'ils ne retrouveraient en nous rien d'étranger, car depuis qu'ils étaient là, rien n'a changé/ Cette promo tion de la mort, cqmmencée voici deux ans, n'est pas close ; ceux qui vont, hélas ! s'y mêler s'y confondront sans peine. 0 morts de la guerre, si différents des autres, avec quelles paroles irons-nous à vous ! Si voisins, il semble vous entendre Çl vous voir, avec vos regards et vos f,ardenjs à l'œuvre corn-...