Extrait du journal
Les élections de dimanche ont causé dans le camp; radical une émotion qui ne se dissimule pas. Il de vient évident que là où il y a trois candidats, un li béral, un radical, un socialiste, ce n'est pas Je radical qui passe. L'expérience se répète avec une telle constance qu'elle fait prévoir aux plus aveugles une sorte de loi générale. Le parlementarisme radical a lassé l'opinion, qui-réagit comme elle peut. On ne ■ saurait deviner ce qui sortira de là; mais 0n dis-' cerne déjà que le radicalisme est en baisse et que sa * résistance obstinée contre la réforme électorale achève de le discréditer. Il y a un fait simple qui frappe beaucoup le public. C'est que ces radicaux si férus du système majori taire ne sont pas la majorité. Dans la plupart des élections, ils n'ont passé qu'avec un appoint de voix ; empruntées tantôt aux modérés, tantôt aux sôcia 'listes. Ce dernier cas est le plus fréquent. Les Socia listes ont usé largement de cette tactique tant qu'ils en ont eu besoin. Aujourd'hui ils se sentent assez forts pour se présenter tout seuls devant le suffrage. universel; ils sont assez connus pour déployer leur programme tel qu'il est, et pour ne plus se: contenter des concessions faites par les radicaux. Presque partout, ils maintiennent leur candidat unifié au second tour ; par cette tactique, ils remportent quelquefois la victoire ; quand ils ne la rempor tent pas, ils assurent généralement l'échec du radical arrondissementier. Là-dessus les journaux radicaux parlent en se voilant la face de coalitions immorales. Ce sont des mots, et ils ne changent rien aux faits. Les coalitions paraissaient superbes, au temps où les radicaux en bénéficiaient; elles sont, aujourd'hui un scandale. Qui prendra cette indigna-: tion au sérieux ? La réalité, toute simple, c'est que les ' socialistes ont cessé d'accorder au parti radical le secours du parti révolutionnaire, et que, privé de ce secours, le parti radical n'a plus la majorité. C'est ce qui amènera peut-être les radicaux à être partisans de la réforme électorale. Le scrutin majo ritaire le scrutin d'arrondissement déjà, le scrutin de liste pur davantage leur fait prévoir des jours difficiles. Ils s'apercevront de plus en plus que les manœuvres diverses en considération desquelles l'ar rondissement leur est cher peuvent se tourner contre eux. C'est une véri té que les électeurs sont en train de leur persuader un peu rudement. Il est vrai que M. Jaurès soupçonne, ce matin encore, le radicalisme d'être gêné par la proportionnelle parce qu'il n'est pas un « parti », parce qu'il n'a ni doctrine ni programme. C'est bien possible. M. Jaurès, qui a longtemps été l'allié des radicaux et qui a fait vivre longtemps leurs ministères, les connaît mieux que nous. Mais, s'il faut l'en croire, si le radicalisme n'est qu'une coterie électorale qui ne vit que par la politique de clientèle et les faveurs administratives, il n'a rien à voir avec un parti politique et, quelque soit le scrutin, il est condamné: il se décompose déjà. Ainsi, par un ironique retour des choses d'ici bas, le grand parti arrondissementier ne trouvera le salut final que dans la proportionnelle....
À propos
Fondé en 1789 sous le titre Journal des débats et décrets, le Journal des débats politiques et littéraires retranscrit, dans un premier temps, la quasi intégralité des séances dispensées à l’Assemblée Nationale. Sous Napoléon, il change de nom pour devenir le Journal de l’Empire. Publié jusqu’à l’Occupation, le journal sera supprimé en 1944.
En savoir plus Données de classification - tom mann
- herriot
- jaurès
- frémont
- south
- w.-f. ha
- languedoc
- schliemann
- faire
- x.es
- leeds
- angleterre
- wales
- cook
- lyon
- ouessant
- afrique
- syndicat
- glasgow
- gela
- c. g. t.
- labour party
- fédération des transports
- parti radical
- i.e
- les groenlandais
- g. l. g.
- parti ouvrier indépendant
- c. g.
- parlement