Extrait du journal

Les libertés polytechnicienne». On verra plus loin comme quoi, les polytechniciens ayant re fusé d'admettre certains Changements dans l'organi sation de leur travail, une soixantaine d'entre eux ont été envoyés provisoirement comme simples sol dats dans des régiments d'artillerie. La modification projetée par le directeur des études, M. Mercadier, et par le conseil de perfectionnement consiste à faire figurer dans les examens périodiques d'après lesquels se fait, avec un soin minutieux, le classement des élèves pour la sortie, des compositions écrites. Jus qu'ici, « colles » et examens généraux se passaient oralement. Les compositions écrites pourraient avoir l'avantage de faire plus au long la preuve des connais sances et surtout de l'ingéniosité d'esprit des concur rents ; elles auraient aussi celui de faire mieux digé rer, par la vertu d'une application précise, lesprincipes ! qu'on veut enseigner. D'autre part, les épreuves de cette sorte sont quelquefois moins sûres et prêtent un peu à des supercheries toujours possibles dans d'aussi nombreuses promotions. Quoi qu'il en soit, la réforme était décidée ; elle était en question depuis des années ien 1889 ou 1890, on avait déjà tenté de l'appliquer. Les élèves, comme aujourd'hui, firent grève. On leur infligea une légère punition, et la ré j forme fut enterrée. On la reprit l'an dernier sans plus de succès; cette année, on paraît décidé à la faire aboutir. Il eût mieux valu commencer par là il y a treize ans. Il est inadmissible que les élèves d'une école militaire soient maîtres de diriger à leur gré leurs études. Mais il faut ajouter que ces jeunes gens ont de grands devanciers et que leur amour propre traditionaliste est chatouilleux. 11 est pour tant nécessaire qu'ils subissent les conséquences de leur engagement militaire et qu'ils se plient à la discipline. Mais si l'on . songe qu'il s'agit ici d'un fait d'ordre scolaire et pas du tout mili taire, ne serait-il pas fâcheux d'agir avec toute la rigueur militaire 1 Pour ces jeunes intelligences dontun attend beaucoup, une certaine liberté d'allure est salutaire; rien de plus juste que de la leur laisser dans les choses dont l'intérêt est de pure forme. Pour les autres, l'administration de l'école aurait tort de se laisser forcer la main. Quant aux soixante mal heureux sur lesquels on a fait un exemple, ils ne sont que des boucs émissaires ; la responsabilité re monte à.toute leur promotion, en même temps qu'à la précédente, et même un peu à quelques autres plus...