Extrait du journal

N rus avons mentionné la saisie faite hier par la police d'une presse clandestine, rue Cadet, ayant servi au tirage du fameux 10° bulletin du Comité central de résistance ; nous avons en même -temps reproduit le 11e bulletin, qui était en cours d'im pression à l'arrivée de l'officier de police judiciaire, -qui en a saisi un certain nombre d'exemplaires ; enfin nous avons dit que quatre, individus, dont trois transportés de juin graciés, avaient été mis en état d'arrestation à la suite de cette découverte. Après la perquisition faite dans le logement de la rue Cadet, occupé par l'un d'eux, d'autres per quisitions ont été faites aux domiciles dos trois autres prévenus et ont amené la découverte et la saisie d'un grand nombre d'écrits et de doeumens fort importans, dit-on, pour la justice, ainsi que quelques armes et munitions de guerre. La police n'ignorait pas que ces quatre individus avaient des complices , et pendant que les investigations se poursuivaient chez eux, les agens sont par venus à se mettre sur les traces de plusieurs de ces derniers, et dans la soirée ils ont pu en arrêter un qui a été conduit au dépôt. Au jourd'hui, dans la matinée, ils en ont arrêté un se cond, et le nombre des individus arrêtés s'est trouvé porté à six. L'un des deux derniers est encore un transporté de juin gracié, qui a été de nou veau impliqué dans les affaires du 13 juin 1849. Les recherches pour arriver à la découverte de la presse clandestine ont dû être fort multipliées, car elle ne séjournait que fort, peu de temps dans le même endroit ; les caractères, les formes et les autres ustensiles, ne formant qu'un faible volume, étaient constamment, transportés d'un quartier dans un autre, quelquefois même jusque dans la ban lieue, et lorsque la police parvenait à découvrir le dernier refuge, le déménagement était prêt de s'o pérer. On voit que la tâche n'était pas facile , et l'on ne sera pas surpris d'apprendre que quand la police est entrée dans le domicile de la rue Cadet, il n'y avait que deux ou trois jours seu lement que le matériel s'y trouvait. On sait que les deux derniers bulletins de ce Comité central de résistance portaient les numéros 10 et 11 , ce qui pouvait faire supposer dans le publie que neuf autres bulletins avaient été déjà publiés par le même comité. Il n'en- est rien cependant : deux seulement étaient sortis de 1.1 même presse qui, en réalité, n'a servi à imprimer que quatre bulletins. Il est très probable que les prévenus avaient des raisons particulières pour changer l'ordre de numération. On assure que la jnsiiee trouvera dans les pièces saisies des îenseignemens- suffi sans pour connaître le motif qui les a fait agir ainsi. Nous nous borne rons à ajouter que parmi les six individus arrêtés se trouve l'un des principaux meneurs de ce Co rnue. Le bruit a couru hier et aujourd'hui que plu sieurs représentons de la Montagne, dont on allait même jusqu'à citer les noms, avaient failli"être surpris hier en flagrant délit au siège même de l'imprimerie clandestine : ce bruit est dénué de tout fondement ; aucun d'eux ne s'y est présenté, et nous croyons savoir que l'autorité avait la certi tude qu'ils ne s'y présenteraient pas. On annonçait aujourd'hui au Palais que M. le juge d'instruction B"oussais serait chargé de l'in formation de cette affairé, dont il n'est pas encore possible de déterminer les proportions, car les in— vestigations de la police se continuent, et il est pro bable qu'elles amèneront de nouvelles arrestations, indépendamment de celle? qui pourront être or données par la justice après l'examen des pièces. ARMAND BRRTIN....